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EXTRAIT
Radiophonie et nationalisme au Canada, en
Argentine
et en Afrique du Sud de 1920 à 1950, Histoire - Étude comparative,
Alain Canuel, 2018, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis, Québec
INTRODUCTION
Les communications internationales: centre versus périphérie
La seconde
moitié du 19e siècle
a été
le creuset dans lequel se sont fondues les communications internationales.
Un siècle et demi nous sépare
à peine de la première transmission télégraphique
Washington-Baltimore
(1837) qui a donné l'impulsion aux communications électriques, puis
électroniques. Parce qu'elle ouvre la voie à des possibilités nouvelles, la
télégraphie transforme
radicalement le paysage des communications internationales; l'exemple le
plus illustre est sans doute celui de Cyrus Field, jeune ingénieur
américain, qui établit, en 1866, une communication permanente entre l'Ancien
et le Nouveau Continent grâce
au câble sous-marin.
L'impact de cette nouvelle technologie, en plus d'accélérer
l'échange des communications, va modifier les comportements et les
perceptions des individus et des sociétés.
Les grandes puissances disposent désormais d'un nouvel instrument de
communication qui raffermit les liens entre elles, et ce qui est encore plus
important les rapproche de leurs colonies et possessions.
La Grande-Bretagne qui
dispose la première de cette technologie sera suivie de peu par la France.
Dès 1869, la Société
du câble
transatlantique français, avec
l'aide de la Siemens Brothers de Londres, établit une première communication
entre Brest (Bretagne) et Saint-Pierre (et Miquelon), près de Terre-Neuve.
L'année suivante, la Grande-Bretagne poursuit sa course vers l'Inde en
posant un câble sous-marin
de Malte à Alexandrie et de Suez à Karashie. Les communications avec l'Inde
et l'Amérique auront pour effet de stimuler la création de nouvelles
industries du câble qui
vont doter les grandes puissances de réseaux complexes et puissants: à
preuve, l'Inde et l'Angleterre échangent, en 1870, pas moins d'une centaine
de télégrammes; en 1895,
leur nombre s'élève
à plus de deux millions. Il est clair qu'à l'aube du
20e siècle, l'expansion coloniale ne se conçoit
guère sans liaisons télégraphiques
entre la métropole et ses possessions lointaines: "les câbles
sont devenus une partie essentielle du nouvel impérialisme (voir Figure 1).”[1]
Au début du
20e siècle, la T.S.F. fait son apparition. Le 12 décembre
1901, Guglielmo Marconi établit la première
communication sans fil entre Poldhu (Cornouailles) et Glace Bay
(Terre-Neuve). Le réseau international de câbles
sous-marins n'est pas encore achevé que les pays industrialisés
répandent la T.S.F. à travers le monde, superposant
ainsi un nouveau réseau de communication international à l'ancien. Cette
double structure a pour effet de concentrer le pouvoir des communications
internationales aux mains de quelques grandes puissances et d'accentuer la
dépendance technologique de la majorité des pays extra-européens. Au cours
de la première décennie du 20e siècle, l'Allemagne et la Grande-Bretagne
vont se livrer une lutte sans merci par l'intermédiaire
de leur compagnie de T.S.F. respective, Allgemeine Elektrizitäts-Gesellschaft
(AEG) et la Marconi Wireless Telegraph Company de Londres. La conquête
pour l'hégémonie des
communications internationales ne fera qu'augmenter les tensions entre ces
nations qui se sont d'ailleurs rendues responsables du déclenchement de la
Première Guerre mondiale. Les stations de T.S.F. ne cessent de se multiplier
entre les puissances européennes et leurs colonies. En 1906, l'Allemagne
projette de construire une station à haute puissance afin d'étendre son
réseau sans fil jusqu'à ses colonies du sud-ouest africain et de communiquer
avec l'Amérique; la station de Nantucket (New Jersey) servira ultérieurement
de relais aux colonies d'Amérique latine. Pour sa part, l'Angleterre
encercle le globe d'un second réseau de communication qu'aucun pays ne
pourra lui contester avant la Grande Guerre.
Le câble
sous-marin et la T.S.F. se sont développés en fonction de la métropole, lui
assurant ainsi la promotion de ses valeurs et de ses structures tout en
entraînant une dépendance
des pays situés en périphérie.
Qui plus est, ces technologies ont modelé l'ensemble des communications
internationales d'après la structure capitaliste mondiale, laquelle tend
nécessairement à une forme d'homogénéisation
sinon à une intégration des systèmes, condition essentielle à l'existence
même de cette structure. Lorsque naît
la radio, nous ne pouvons nous étonner de ce que cette supériorité
technologique des pays du centre continue
d'irradier vers ceux de la
périphérie
et favorise la création de grands réseaux radiophoniques (CBS, NBC, BBC,
RTF). Tout en se partageant un marché lucratif, ces derniers ont soin de
former un réseau mondial qui renforce leur position respective à
l'intérieur du système capitaliste
international, de sorte que les réseaux périphériques
jouent un rôle accessoire
n'étant que le prolongement du réseau mondial.
Le Canada,
l'Afrique du Sud et l'Argentine, à l'instar des autres pays situés
en périphérie,
ne peuvent véritablement mettre leur veto à l'expansion des premiers réseaux
de communication internationaux. Tout au plus, conviennent-ils de certaines
modalités d'application des contrats (droit d'atterrissage et d'exploitation
d'un câble, construction
d'une station de T.S.F., redevances, brevets, etc.). Lorsqu'il s'agit de
prendre une décision majeure, comme celle de refuser l'atterrissage d'un câble
à une compagnie étrangère,
il est manifeste que ce refus fait suite aux pressions politiques ou
économiques exercées par un gouvernement ou une industrie en situation de
pouvoir.[2]
Parce que ces réseaux sous-marins ou sans fil ont pour fonction première de
couvrir le globe à partir des métropoles, les pays inféodés
aux États-nations n'ont guère le choix: ou bien ils sont reliés aux
superpuissances ou bien ils en sont complètement isolés. Cette dernière
alternative apparaît fort
peu probable, sauf peut-être dans le cas où
les pays dominants ne peuvent, pour des raisons techniques,
politiques ou économiques établir une communication immédiate.
La radio qui
s'inscrit dans le sillage de ces deux technologies ne peut se soustraire
définitivement à l'empreinte impérialiste: d'abord, parce qu'elle se fond
dans le même régime
capitaliste qui sous-tend la faisabilité de deux réseaux de communications
internationaux; ensuite, parce que les forces motrices qui conditionnent
l'orientation de ces technologies influent nécessairement sur leur
développement ultérieur catégorisé
sous forme d'innovations révolutionnaire (comme la radio), évolutionniste ou
mineure.[3]
Conséquemment, la radio ne peut se débarrasser
pleinement des stigmates de l'impérialisme qui a vu naître
le câble sous-marin et la
T.S.F. Il ne faudrait toutefois pas conclure que les pays situés
en périphérie
ne pourront jamais contrôler
cette technologie d'après-guerre et s'assurer ainsi une certaine autonomie.
Dans cette perspective, la dichotomie
centre versus périphérie
qui constitue le substrat des communications internationales d'avant-guerre
ne peut être entièrement évacuée.
Bien qu'elle serve d'appui à notre thèse, il y a place à
l'élargissement du débat en
projetant hors de cette structure cognitive un autre point de vue qui
s'articule davantage autour de la notion
dominant/dominé,
en faisant ainsi prévaloir la nature même de la société
dans laquelle s'effectue le développement de cette technologie. L'univers
des communications des années 1870 n'a plus, un demi-siècle plus tard, la même
résonance. La récurrence
des éléments internes et
externes qui se rattachent à la structure même des communications
internationales se trouve modifiée en raison des changements opérés
dans et par les sociétés
ainsi que des possibilités nouvelles engendrées par les innovations
technologiques.
Au début du
20e siècle, l'Argentine, le Canada et l'Afrique du Sud, encore attirés dans
la mouvance européenne, s'acheminent vers des choix politiques, économiques
et sociaux d'un nouvel ordre. À cette date, le partage du monde entre
puissances impérialistes est à peu près achevé et l'appétit d'expansion et
de conquête de chacun n'est plus arrêté
que par l'appétit des autres. La Première Guerre mondiale devient
inévitable, puisqu'elle représente, aux yeux de Lénine, "une guerre
impérialiste /.../ pour la distribution et la redistribution des
zones d'influence du capital financier.”[4]
Mais à l'après-guerre, les
nations-états revendiquent une plus grande autonomie et leur ferveur
nationaliste s'accroît en
proportion. Pour se placer sur l'orbite de l'internationalisation de la vie
économique qui apparaît
plus évidente après la
Deuxième Guerre mondiale, l'Argentine, le Canada et l'Afrique du Sud doivent
consolider certaines positions tout en s'ajustant aux normes
internationales. Tout cela ne se fera pas sans heurts et sans échecs. Les
succès mitigés qu'ils
remporteront pour se maintenir au niveau des autres pays industrialisés
témoignent encore d'une dépendance technologique et
scientifique, pour ne mentionner que ces deux exemples. Toutefois, une
technologie comme la radio peut aisément s'intégrer
à la vague irrésistible
du nationalisme qui déferle dans ces pays au cours du premier après-guerre.
Techniquement, la radio s'apparente au câble
sous-marin et à la T.S.F. Elle présente néanmoins
une différence fondamentale au niveau du schéma traditionnel
émetteur-message-récepteur: le câble
et la T.S.F. ne peuvent transmettre de messages qu'à une seule personne à la
fois, tandis que la radio peut atteindre simultanément des milliers
d'auditeurs. Ainsi, pouvons-nous parler d'une reconversion de cette dernière
technologie utilisée à des
fins de communications internationales et focaliser notre intérêt
sur le rôle national que
celle-ci est appelée à
jouer. Car, il ne s'agit plus uniquement de considérer cette reconversion
comme une innovation technologique; il faut également évaluer son adaptation
aux conditions nouvelles d'après-guerre et considérer son rôle
vis-à-vis des jeunes sociétés
canadienne, sud-africaine et argentine. Le câble
et la T.S.F. ont favorisé le plus souvent le monde des affaires, les milieux
gouvernementaux, diplomatiques ou militaires; la radio s'adresse plus généralement
au commun des mortels et se conçoit
d'abord comme un instrument de culture, un moyen propre au divertissement.
Cette première approximation devra nécessairement être
affinée, mais ce qu'il faut en retenir pour l'instant
c'est le caractère nouveau de la radio qui se prête admirablement à la
montée du nationalisme dans ces pays.
Vers une
nouvelle perspective de la dépendance
Les propos
qui précèdent, fondés sur
l'inégalité du développement des sociétés,
dérivent des approches théoriques qui rendent compte de la dépendance ou du
sous-développement des pays périphériques
par rapport à ceux du centre. Des pays comme l'Afrique du Sud ou
l'Argentine, par exemple, pourraient très bien figurer au rang des pays
sous-développés dont les conditions premières de cette situation
remonteraient à l'intégration
de ces pays dans le système capitaliste naissant de l'époque mercantiliste.
Quant à la dépendance du
Canada, elle peut être datée
de 1760, si nous cherchons à la situer par rapport à la Grande-Bretagne.[5]
C'est pourquoi des technologies comme le câble
sous-marin et la T.S.F. trouvent une explication valable lorsqu'elles sont
soumises à l'analyse du système capitaliste mondial et des phases du nouvel
impérialisme de la fin du 19e siècle. Des auteurs comme Headrick, Cameron, Fürst
ou Finn prédisposent déjà
leurs lecteurs en donnant à leur analyse des titres qui évoquent cette
problématique.[6]
Bien que de tels ouvrages demeurent fertiles et riches en idées, ils ne
peuvent rendre compte de toute la complexité et de l'impact des technologies
qui se succèdent et occupent le même créneau durant cette période.
À partir du moment où
une technologie comme la T.S.F. ou la radio fait son
apparition, elle peut d'ores et déjà
être considérée
comme un système fermé, une
sorte d'entité absolue. Un pays comme l'Argentine, par exemple, pourrait
fort bien développer son propre système national, et à la limite ne pas
vouloir se raccorder aux systèmes étrangers. Cette situation n'est pas tout
à fait improbable: les coups d'État, les insurrections populaires et même la
guerre mondiale peuvent temporairement priver un pays de tout contact avec
le monde extérieur. En temps de paix, sociale ou mondiale, la radio
s'inspire ou plutôt
s'appuie largement sur ce principe d'autonomie puisque sa fonction première
est de divertir et de renseigner un public en particulier. Bien sûr, elle
peut toujours irradier au-delà des limites nationales ou s'affilier à
d'autres réseaux, mais en général
elle limite son rayon d'action à une région ou à un pays donné.
Cette
situation de fait nous amène
à considérer
la radio à partir d'une perspective différente de celle couramment adoptée
par les analyses qui optent pour l'approche dichotomique
centre/périphérie.
Non pas que nous voulons écarter cette dimension: nous croyons simplement
qu'elle ne peut satisfaire pleinement aux exigences de notre étude qui
s'applique davantage à préciser
le développement national de cette technologie et à souligner son autonomie
à l'intérieur d'un ensemble
plus vaste où il s'inscrit. Ce
choix d'analyse rejoint les préoccupations d'auteurs tels, Nicos Poulantzas,
Philip J. O'Brien, Charles Bettelheim ou encore Warwick Armstrong.[7]
Par exemple, Armstrong suggère que "les questions relatives à la structure
interne de la société et de
ses relations avec d'autres pays soient considérées
comme un point de départ pour entamer une discussion sur la nature du
développement, du sous-développement et de l'inégalité.”[8]
Bien que cette approche satisfasse à un niveau d'interprétation plus général
en mettant en lumière "la nature des relations économiques, politiques et
culturelles à l'intérieur du
système mondial", elle demeure susceptible de s'appliquer, comme modèle de
description, à notre objet d'analyse qu'est la radio. Cette réductibilité
n'en reflète pas moins une conformité, sinon une adéquation au modèle
privilégié.
Le principe
fondamental qui ressort des propos d'Armstrong repose sur l'argument
suivant: "nous ne pouvons attribuer simplement et uniquement la dramatique
transformation de ces sociétés
[en l'occurrence, le Canada, l'Argentine et l'Australie entre 1870 et 1930]
à des facteurs externes- une économie d'expansion internationale, une pénétration
européenne ou des politiques de libre-échange bien qu'ils aient tous joué un
rôle."[9]
Le cas de l'Afrique du Sud n'a pas été
retenu dans cette analyse, mais selon l'auteur, il appert que "les autres
pays dont l'exportation des produits tropicaux et des minéraux en
particulier constituait une forte demande à la fin du 19e siècle et au début
du 20e siècle, n'ont pas reproduit les mêmes patterns de croissance et de
diversification nationales."[10]
Voilà donc une argumentation qui, globalement, ne prétend pas à une
bipolarisation des sociétés,
et encore moins à leur nivellement. Les traits distinctifs de chacune
d'elles apparaissent avec une plus grande clarté justement parce qu'ils sont
analysés en fonction de l'évolution particulière de ces pays.
Le mouvement
nationaliste qui s'affirme de plus en plus au Canada, en Argentine et en
Afrique du Sud au début du 20e siècle et qui se profile sur la radio nous
conduit nécessairement à établir des distinctions pour chacun de ces pays.
Notre démarche première sera
d'anticiper sur ces distinctions et de nous appuyer sur quelques
considérations générales
pour dégager les grandes lignes de ce mouvement. Le Canada nous servira de
modèle provisoire à partir duquel nous pourrons greffer tout un ensemble de
phénomènes comparables
opposés.
Nationalisme et
radiophonie
"A nation that did not control its own external communication,
had not yet attained full status of a nation" (H. G .J. Aitken)
D'aucuns
prétendent que les télécommunications
forment la base de notre tissu social et qu'elles représentent un élément
indispensable dans le développement de nos sociétés
modernes.[11]
Aussi, n'est-il pas rare de constater que des pays subordonnés
à la cause impériale
se soient prévalus, eux aussi, de moyens de communication pour aspirer à
leur autonomie. Encore faut-il que les gouvernements de ces pays manifestent
un intérêt particulier à
l'égard des communications
nouvelles et qu'une conjoncture favorable les prédispose au nationalisme. À
maintes reprises, la télégraphie
ou la radio- pour ne mentionner que ces deux exemples- ont servi de tremplin
à l'Argentine, au Canada ou à l'Afrique du Sud pour consolider leurs
politiques nationales souvent diminuées par les forces d'un empire.
Tout système
de communication nécessite au préalable un investissement important. Le
financement, garanti la plupart du temps par des capitaux étrangers, accroît
le rapport de dépendance qui prévaut encore à la fin du 19e siècle et au
début du 20e siècle entre le centre et la
périphérie.
À cela s'ajoutent les besoins ressentis de part et
d'autre, lesquels ne rencontrent pas nécessairement les mêmes visées.
Le développement d'un système de communication dans
une colonie ou une possession constitue, en soi, un système
indépendant, capable de transmettre et de recevoir
ses propres messages, mais ressortit d'un système plus global dès qu'il
s'agit de communications internationales. Cette distinction s'impose, à plus
forte raison lorsque nous cherchons à évaluer l'impact d'un système de
communication par rapport à la tendance nationaliste de certains pays,
tendance qui s'accentue au cours du 20e siècle. Dès
lors, nous concevons la télégraphie
ou la radio comme une entité propre pouvant servir à la cause nationale, et
non pas comme un sous-système intégré
à un réseau plus complexe dont les caractéristiques premières reposent sur
l'internationalisation des communications.
Toute
politique visant à faire de la radio un instrument national doit
nécessairement protéger l'identité
de ce moyen de communication qui dépend
à la fois des investissements, de la gestion, de la
programmation et même de la publicité. La structure de la radio est telle,
qu'elle doit être conçue comme
un ensemble organisé de rapports lui permettant de diminuer les tensions qui
existent entre les aspirations nationales, d'une part et les mouvements
politiques internationaux, d'autre part. Tous ces ajustements ne se font pas
sans heurts et nécessitent un long processus de développement. La
nationalisation de la radio au Canada, qui s'est concrétisée
officiellement en 1936, s'échelonne en réalité
sur plus d'une décennie si l'on considère les efforts de Sir Henry Thornton,
le rapport de la Commission Aird et le mandat de la Commission canadienne de
radiodiffusion (CCR). La réussite d'un tel projet ne peut être assurée que
si un certain nombre d'éléments
d'ordre social, économique et/ou politique prévalent contre les pressions
multiples qui s'exercent à son endroit. La séquence d'événements
comme ceux que nous venons de mentionner pour la radio canadienne vont
aboutir au résultat souhaité uniquement si les conflits internes débouchent
sur un consensus national qui tend à réduire
les dissidences ou à supprimer les germes d'antagonismes et si la radio
poursuit une trajectoire conforme aux modèles standardisés par les grandes
puissances.
Cette dernière
considération apparaît
avec plus de clarté lorsque nous étudions l'évolution de la radio dans une
perspective synchronique. Les événements
conduisant à la nationalisation de la radio sont souvent conditionnés par
l'attitude intransigeante des grands réseaux radiophoniques existants (CBS,
NBC, BBC, etc.) qui régissent l'optique internationale. Disposant à coup sûr
de plus grandes ressources techniques, voire même scientifiques, ces
super-réseaux
adoptent une ligne de conduite qui permet aux grandes puissances de
rivaliser entre elles, et conséquemment de dominer et de faire évoluer cette
technologie selon leurs propres besoins pour ensuite la répandre
à travers le monde. Les autres pays qui cherchent
ainsi à développer et à
contrôler leur propre
réseau national de radio sont finalement contraints de développer une
stratégie qui tienne compte de cette prépondérance,
ce qui réduit toute action novatrice de leur part tant au point de vue des
innovations technologiques qu'à celui des transformations structurelles.
Cette
conformité aux modèles standardisés des grandes puissances va plus loin.
Dans la majeure partie des cas, elle va jusqu'à
refléter l'empreinte impérialiste qui caractérise les
pays dont la radio est en voie de nationalisation. L'adoption de ces modèles
n'est toutefois pas intégrale. Elle nécessite des modalités d'application
différentes liées aux particularités mêmes
de chaque pays, à leurs attentes, à leurs aspirations ainsi qu'à leur
capacité d'absorption des systèmes. Ainsi, par exemple, le Canada opte pour
une formule hybride axée sur la privatisation (modèle
américain) et l'étatisation (modèle britannique) de
la radio.[12]
Manifestement, ce pays craint l'ingérence américaine et ne saurait consentir
à reproduire un modèle qui conduirait inexorablement ce pays vers une
assimilation totale de la radio. Cependant, le modèle
américain ne peut laisser le Canada totalement
indifférent, surtout que les États-Unis depuis la fin de la Première Guerre
mondiale obtiennent des résultats brillants.[13]
L'industrie américaine va donc exercer une forte
influence sur ce pays, de par le développement de sa technologie et le
succès international de son entreprise. À cela s'ajoutent d'autres facteurs
directement ou indirectement liés
à cette technologie: proximité du marché canadien, points de
vente et de distribution accessibles via les filiales américaines en sol
canadien, haute gamme de produits, prix plus que compétitifs, etc.
Parallèlement,
l'influence du modèle britannique se situe au niveau de l'organisation et de
la gestion du réseau. Les responsables politiques autant que les
commissaires chargés de statuer sur la radio canadienne font souvent référence
à la Grande-Bretagne, tout en étant conscients que des différences marquées
ne permettent pas d'appliquer ce modèle dans son intégrité.
Cependant, le pattern britannique servira plus d'une fois d'indicateur au
Canada pour définir un plan d'action ou pour solutionner une affaire
épineuse. Que l'on pense, par exemple, à la
British Broadcasting Company créée en 1922 sous forme
de compagnie privée d'intérêt
commercial et qui deviendra, grâce
à l'intervention directe de l'État en 1926, la British
Broadcasting Corporation (BBC). Nul doute que le Canada va sérieusement
considérer la démarche britannique avant d'agir; ce qu'il fera d'ailleurs
avant de déposer son projet de Loi sur la radiodiffusion. Le projet de Loi
94 a pour but de créer la Commission canadienne de radiodiffusion (1932),
organisme autorisé à réglementer
et à contrôler la
radiodiffusion, d'une part et à radiodiffuser au Canada, d'autre part.
L'influence
du modèle britannique se fait également sentir à des moments ponctuels, et
plus précisément lorsque
certains problèmes semblent insolubles. Au printemps de 1933, à la demande
expresse du Premier ministre Bennett, le directeur des relations publiques
de la BBC, Gladstone Murray, arrive à Ottawa pour effectuer une étude des
problèmes rencontrés par la CCR et de ceux auxquels elle pourrait
s'attendre. Des trois rapports soumis au gouvernement, le premier va inciter
le Premier ministre à déposer,
dans les plus brefs délais, le projet de Loi 99 modifiant la Loi de la
radiodiffusion de 1932 tandis que le troisième rapport, s'appuyant sur
l'exemple de la BBC, va insister sur le fait que "l'organisme public
responsable de la radiodiffusion au Canada [doit] être une société
d'exploitation indépendante du gouvernement du jour et à l'abri du
favoritisme politique."[14]
En
s'inspirant des modèles développés par les grandes puissances, le Canada
tout comme l'Argentine et l'Afrique du Sud tirent indubitablement profit de
l'expérience acquise par ces leaders de la communication, cependant qu'ils
sont exposés à une
politique volontariste en matière de radio. Dans ces pays en quête
d'indépendance, la nationalisation de la radio va s'exercer dans des
conditions analogues avec quelques variantes, cependant. Bien que situés sur
des continents différents, ces réseaux nationaux possèdent des attributs
communs, et de façon
corollaire nous pourrions soumettre à l'analyse d'autres réseaux qui se sont
développés en périphérie
durant la même période.
La première
remarque qui découle de cette observation est sans doute le retard de la
nationalisation de la radio qu'ont accusé ces trois pays par rapport aux
métropoles. Plusieurs facteurs pourraient justifier cet écart: manque de
capitaux, géographie du territoire, attrait tardif pour ce nouveau médium,
etc. Toutes ces contraintes possibles ne sont que secondaires par rapport au
travail de conscientisation sociale et politique qui s'effectue à la base et
qui conditionne cette orientation nouvelle de la radio. Est-il besoin de
rappeler que le développement et l'exploitation de cette technologie n'est
pas synchronisée à l'heure
du nationalisme, et par conséquent que l'entreprise privée
a déjà
une longueur d'avance sur la formation des sociétés
d'État? La radio privée dont
la notion de profit est le substrat ne s'embarrasse pas de contraintes
idéologiques qui pourraient nuire à son développement. Elle progresse en
fonction de la cote d'écoute, et si par moments elle répond aux attentes de
ceux qui voient en elle un instrument d'éducation national, c'est parce
qu'elle veut augmenter son auditoire ou parer à toute éventualité
qui pourrait ternir son image.[15]
Mais alors,
pourquoi le Canada, l'Argentine et l'Afrique du Sud qui disposent, au même
moment, d'une technologie analogue à celle des métropoles accusent-ils un
certain retard vis-à-vis de la nationalisation de la radio? Et pourquoi,
lorsque ces pays sont motivés
à entreprendre une telle démarche agissent-ils presque
simultanément? Quels sont les principaux facteurs qui ont conduit à une
telle action nationale? Notre démarche analytique se propose de saisir le
comment et le pourquoi de ce phénomène
qui apparaît dans ces pays.
Le mouvement
nationaliste au début du 20e siècle
Mis en usage
en Grande-Bretagne et en France dans le courant du 19e siècle, le mot
nationalisme n'a cessé
d'être chargé
d'ambiguïté
et de s'enrichir de significations successives. Tantôt,
il exprime péjorativement certaines formes du patriotisme, devenant alors
synonyme de chauvinisme; tantôt,
il désigne les revendications d'un peuple assujetti
aspirant à l'indépendance. De
nos jours, l'acception courante que nous lui attribuons dénote volontiers
diverses manifestations de la conscience nationale et du caractère national.
C'est dire que l'idéologie nationaliste se trouve étroitement imbriquée dans
un système plus général de
valeurs politiques et sociales.[16]
Tout
mouvement politique qui s'organise dans un pays et à une époque donnée
oscille entre une démarche inorganisée
et diffuse et une action organisée et structurée. Jusqu'à
l'avènement de la Première Guerre
mondiale, le nationalisme au Canada évolue entre ces deux extrêmes de par sa
complexité idéologique. Les
partisans de l'unité impériale
"croient que le Canada peut atteindre un statut national en maintenant un
lien avec l'Empire et en acquérant une influence au sein des différents
conseils. Leurs opposants ont la conviction que l'impérialisme est
incompatible avec les intérêts
nationaux du Canada, l'unité interne et le self-government."[17]
À l'issue de la Première Guerre mondiale, l'autonomie du Canada se précise.
Sa représentation au sein de la Ligue des Nations lui
donne un statut administratif éminemment plus important basé sur la gestion
de ses affaires extérieures. Ce mouvement vers une plus grande autonomie va
franchir, en 1931, une autre étape juridique: le Canada se joint au
Commonwealth des Nations.
Ce survol
historique que nous résumons en trois moments-clés nous servira de point de
référence pour cerner les
réalités du phénomène
nationaliste au Canada au cours de la première moitié
du 20e siècle. Avant la Première
Guerre mondiale, le nationalisme au Canada est en pleine gestation. Des
motivations doctrinales extrêmement diverses et souvent contradictoires le
caractérisent. La guerre des Boers, la question navale ou la participation
du Canada à la Grande Guerre témoignent des affrontements politiques et des
dissensions intestines face à des choix et à des ajustements qui s'imposent.
À l'après-guerre, le Canada
réclame une plus grande autonomie qui sera sanctionnée par la ratification
du Traité de Versailles. Auprès
des autres signataires, ce geste dénote une plus grande maturité, compte
tenu des efforts que ce pays a accomplis pour se posséder
intégralement lui-même. Le troisième stade de
l'évolution situe le fait nationaliste dans la perspective d'une évolution
générale des sociétés
modernes. En devenant membre à part entière du Commonwealth des Nations, le
Canada détient une reconnaissance internationale qui lui permet de décider
de sa propre destinée et de sceller définitivement son droit à
l'autodétermination.
Le mouvement
nationaliste au Canada, tel qu'il se présente au début du 20e siècle,
demeure fort complexe. Les traits saillants que nous venons d'évoquer seront
analysés en profondeur, puisqu'ils représentent les trois principaux volets
d'une trilogie nationaliste: gestation, affirmation et reconnaissance. Notre
démarche se propose d'appliquer ce cadre référentiel
à l'Afrique du Sud et à l'Argentine durant la même
période et d'en dégager les caractéristiques
essentielles. Par là même,
elle conduit à la généralisation
des principes nécessaires à la nationalisation de la radio dans ces pays.
Particularismes et autres facteurs de différenciation n'en seront pas moins
considérés dans la
typologie des structures sociales et économiques sur lesquelles repose
l'évolution de cette technologie.
Pour une étude
comparée de la radio
"Thinking without comparison is unthinkable" (Guy E. Swanson)
Lors de la
Conférence de paix, tenue à Paris en 1919, les grandes puissances
internationales discutèrent de la reconstruction du système de
communications internationales, et par voie de conséquence du partage des câbles
sous-marins allemands. Au cours de ces rencontres, précise Hugh G. J.
Aitken, la nouvelle technologie de la radio reçut
peu d'attention, mais les attitudes et les présomptions qui sous-tendaient
la position de négociation des Américains furent précisément
celles qui allaient déterminer les politiques des communications américaines
d'après-guerre.[18]
Si la radio ne représentait aux yeux des
plénipotentiaires qu'un problème mineur, elle allait servir en contrepartie
de moyen d'action aux États-Unis pour consolider leur réseau de
communications international et pour devenir, par la voie de la Radio
Corporation of America (RCA), le leader mondial de ce nouveau marché.[19]
Au milieu
des années 1920, les premières publications sur ce phénomène
technologique nouveau font leur apparition. Ce sont d'abord les promoteurs
de la radio et quelques rares historiens qui s'y intéressent. Quelques
années plus tard, une pléiade d'auteurs commencent à
décortiquer le monde de la radio
et à s'intéresser à ses
nombreuses facettes. Historiens, psychologues, économistes, sociologues et
même philosophes contribuent à élargir le champ des connaissances dans ce
domaine, et depuis la Seconde Guerre mondiale ces ouvrages spécialisés n'ont
cessé de se multiplier.[20]
En dépit de nos connaissances approfondies sur
l'impact de la radio vis-à-vis de la société,
nous savons peu de choses sur l'influence de la société
face à cette technologie. Quels sont, par exemple, les effets du
nationalisme sur la radio? Ou, pour poser la question différemment, comment
et pourquoi la radio a-t-elle été
entraînée dans ce
processus d'évolution social? Voilà le genre de questions auquel peu
d'historiens de la technologie se sont intéressés
jusqu'à présent. Cette
nouvelle avenue semble riche de promesses surtout qu'elle permet
d'appréhender notre passé technologique, de contribuer à
démythifier la technologie et de
nous aider à planifier notre devenir.[21]
Pour l'heure, elle permet de contrebalancer un certain nombre d'idées reçues
voulant que ce soit la radio qui influence la société,
et non l'inverse. De plus en plus d'historiens estiment que cette démarche
ne représente, pour tout dire, qu'une demi-vérité.
Eu
égard à cette perspective nouvelle, il nous semble tout
indiqué de privilégier une
approche comparative puisque la nationalisation de la radio qui est au coeur
même de notre préoccupation d'analyse apparaît
sensiblement au même moment dans les trois pays concernés. La
nationalisation, comprise comme une opération par laquelle la propriété
de plusieurs ou toutes les stations radiophoniques passe sous le contrôle
et la direction de l'État, est vue comme un processus (politico-social)
synchronique. Dans cette optique, l'étude comparative permet, selon Marc
Bloch, de:
...faire des choix, dans un ou plusieurs milieux sociaux
différents, de deux ou plusieurs phénomènes,
qui paraissent au premier coup d'oeil, présenter entre eux certaines
analogies, décrire les courbes de leurs évolutions, constater les
ressemblances et les différences et, dans la mesure du possible, expliquer
les unes et les autres. Donc, deux conditions sont nécessaires pour qu'il y
ait, historiquement parlant, comparaison: une certaine similitude entre les
faits observés- cela va de soi- et une certaine dissemblance entre les
milieux où ils se sont
produits.[22]
Similitudes
et dissemblances devront être circonscrites à partir de deux ensembles
définis: le premier, de caractère historique, servira d'englobant,
c'est-à-dire qu'il permettra de rappeler les grandes lignes de l'évolution
politique de ces pays et de préciser le développement des communications
nationales et internationales, et notamment celui du câble
sous-marin et de la télégraphie.
Le second, servant d'englobé,
renvoie à l'analyse proprement dite de la radio entre 1920 et 1950, ou si
l'on veut, depuis ses tout débuts jusqu'à l'avènement
de la télévision, entendue
comme technologie substitutive et complémentaire. L'englobé
s'appuie donc sur une analyse plus fine, tandis que l'englobant
s'appuie sur une synthèse plus grosse.
Bien qu'il
n'y ait pas de méthode comparative propre à l'histoire et qu'il n'existe pas
de règles générales,
excepté celles de la logique, nous rappelle Raymond Grew[23],
nous croyons tout de même nécessaire
de justifier les critères sur lesquels reposent notre analyse. Les termes
englobé/englobant,
puisés dans le langage sémiotique, renvoient de façon
plus générale aux
préoccupations des philosophes et littéraires de l'école
herméneutique allemande qui définissent les rapports
entre le texte et le pré-texte.[24]
Dans la pratique, l'anthropologue Claude Lévi-Strauss affirme que "la
méthode comparative consiste précisément
à intégrer un phénomène
particulier dans un ensemble, que le progrès de la comparaison rend de plus
en plus général."[25]
Une telle généralisation ne
peut toutefois conduire à tisser la trame complète de l'histoire à laquelle
nous voudrions faire correspondre des événements
particuliers. Il s'agit plutôt
de retenir, comme l'écrivait Karl Marx en 1877, qu'en "étudiant chacune des
évolutions [de ces événements
particuliers], il devient facile de trouver la clé qui servira à
la compréhension de ce phénomène..."[26]
Nombre de
linguistes (Saussure, Hjelmslev), de philosophes (Foucault, Bachelard), de
sociologues (Durkheim, Weber) ou d'anthropologues (Lévi-Strauss,
Radcliffe-Brown) ont brillamment appliqué la méthode comparative à leurs
recherches. Mais, qu'en est-il des historiens de la science et de la
technologie? Dans un article intitulé
Comparative History of Science in an American Perspective,
Lewis Pyenson et Susan Sheets-Pyenson brossent un tableau de la méthode
comparative depuis la Seconde Guerre mondiale. Tous deux s'accordent à dire
que s'ils ont privilégié
l'histoire comparative, ce n'est pas tant par souci théorique que par nécessité
pratique de comprendre comment et pourquoi un phénomène
apparaît dans différents
endroits.[27]
Cela s'entend: la méthode comparative permet de poser des questions,
d'identifier des problèmes théoriques,
de formuler une recherche appropriée, de tirer des conclusions
significatives.[28]
Au cours de
la dernière décennie, plusieurs historiens de la science et de la
technologie ont reculé les frontières de nos connaissances par le biais de
cette méthode que certains historiens des générations
antérieures tels, Fernand Braudel, Eugen Weber ou Joseph Needham ont
impulsée. En sciences naturelles, Susan Sheets-Pyenson compare sous
différents aspects cinq musées coloniaux d'histoire naturelle respectivement
situés à
Buenos Aires, Montréal, Melbourne,
Christchurch et La Plata. En sciences exactes, Lewis Pyenson cerne comment
les astronomes et physiciens allemands ont occupé une place prépondérante
dans la recherche et l'enseignement à partir d'institutions coloniales
d'Argentine (La Plata), de Chine (Woosung) et du Pacifique Sud (Apia).
Lucille H. Brockway s'attarde au transfert et au développement scientifique
des plantes et de leurs produits, et plus particulièrement la cinchonine, le
caoutchouc et le sisal dont l'utilité économique est perçue
à travers le contexte d'échanges global et le pouvoir
politique. À l'instar de cette auteure, Daniel R. Headrick analyse à travers
diverses techniques, technologies et biens d'échange la diffusion culturelle
et le transfert de technologies qui s'opèrent du centre vers la périphérie.[29]
La méthode
comparative, croyons-nous, fournit un éclairage suffisant pour nous
permettre d'analyser les faits qui fondent la réalité
technologique et politique de l'époque étudiée.
L'analyse des faits devra cependant établir les liens essentiels entre les
aspects théoriques, socio-économiques, technologiques, politiques et
organisationnels des questions étudiées.
Ce sont là des éléments de
base de notre démarche nécessaires
à la compréhension de ce
rapport.
Le premier
chapitre a pour but de procéder
à la sélection
des événements et des
facteurs qui nous permettront de rétablir les conditions politiques et
sociales dans lesquelles a pris forme la nationalisation de la radio. Mais,
où trouver le fil conducteur
permettant de dénouer la trame complexe de l'activité
nationaliste? À travers
l'idéologie des partis, les politiques des gouvernements au pouvoir, les
attentes de la population, les actions des groupes et des individus, bref à
travers tout ce qui peut nous conduire à isoler cette question particulière.
Le deuxième
chapitre est un chapitre historico-technique qui retrace les traits
saillants de l'histoire des communications électriques des trois pays, et
notamment la télégraphie,
le câble sous-marin et la
radio commerciale. Il insiste sur le développement et le rôle
national du réseau télégraphique,
sur l'apport international du câble
sous-marin et sur l'évolution de la radio commerciale considérée
depuis ses débuts jusqu'à sa nationalisation. Il revêt
un caractère descriptif cependant qu'il permet de
jalonner l'évolution de ces technologies par rapport à la société
à laquelle elles appartiennent ou au système supranational auquel elles se
rattachent.
Le chapitre
3 accorde une attention particulière aux premières années qui ont suivi la
nationalisation de la radio au Canada et en Afrique du Sud (1936-1939).
Tandis qu'il examine différents aspects techniques, économiques, sociaux et
politiques liés à la mise
sur pied de la radio nationale dans ces deux pays, il fait ressortir les
problèmes et les insuffisances de la radio argentine qui tarde à entrer dans
la voie de la nationalisation. Le développement de la radio argentine
s'effectue ainsi en contrepoint de la radio canadienne et sud-africaine,
parce que de régime politique différent.
Le chapitre
4 qui met fin à notre analyse considère, dans un premier temps, l'évolution
de la radio sud-africaine et canadienne au cours de la Seconde Guerre
mondiale. Il scrute avec attention l'influence du conflit mondial sur la
radio (initiatives techniques, besoins militaires, réalisations
radiophoniques, nouveaux services...). Au terme de ce conflit, il laisse
voir une réforme de la radio nationale qui, dans ses grandes lignes,
conserve encore aujourd'hui le même archétype
en Afrique du Sud et au Canada. Quant à la radio argentine, elle est considérée
à partir du deuxième après-guerre,
période où
le dictateur Eduardo Perón
domine la scène politique du pays. De ce fait, la
nationalisation de la radio en Argentine fait apparaître
des contrastes saisissants lorsque nous la comparons à celle du Canada ou de
l'Afrique du Sud.
[1]
Headrick, D.R. (1981). The
Tools of Empire: Technology and European Imperialism in the 19th.
Century,
Oxford: Oxford University Press, p. 163.
[2]
La maison Felten &
Guilleaume d'Allemagne sollicita, avant la Première Guerre mondiale,
l'atterrissage aux Açores
d'un câble
sous-marin allemand. L'Angleterre, hostile à un tel projet, qui
permettrait aux Allemands d'établir leurs communications hors de son
contrôle,
agit auprès du Cabinet de Lisbonne pour le faire échouer. Voir:
Lesage, C. (1915). Les câbles
sous-marins allemands.
Paris: Plon, pp. 61 et suiv.
[3]
Ces trois types
d'innovation ont été
puisés dans l'ouvrage de Stanley George Sturmey (1958).
The economic development of radio.
London: Gerald Durckworth & Co., pp. 228 et suiv.
[4]
Lénine,
Vladimir Ilitch, (1979).
L'impérialisme,
stade suprême du capitalisme.
Paris: Éd. Sociales, p. 10.
[5]
Brunet, Michel.
(1954). Canadians
et Canadiens.
Montréal: Fides, pp.
18 et suiv.
[6]
Headrick, D. R. The tools of
empire, op. cit.; Headrick, D.R. (1988). The tentacles of
progress: technology and transfer in the Age of Imperialism,
1850-1940. New York: Oxford Univ. Press; Kennedy, P.M. (1971).
Imperial communication and strategy, 1870-1914. English
Historical Review, 86, pp. 728-753; Finn, B.S. (1973).
Submarine telegraphy: the Great Victorian technology.
Washington: Smithsonian Institute, Thanet Press, Margate; Cameron,
R. (1967). Imperialism and technology. Technology in Western
civilizations. New York: Oxford Univ. Press, Vol. I, pp.
692-706; Furst, A. (1922).
Im Bankreis von Nauen: die
Eroberung der Erde durch die drahtlose Telegraphie.
Stuttgart, Berlin: Deutsche Verlags-Anstalt.
[7]
Armstrong, W. (1983). Thinking about 'Prime Movers': the nature of
early industrialization in Australia, Canada, and Argentina,1870 to
1930. Australian-Canadian studies: an interdisciplinary social
science review. Vol. 1, January 1983, pp.57-70; Armstrong, W.,
McGee, T.G. (1985). Theatres of accumulation. New York,
London: Methuen. Voir le chapitre 2 "Development theory and
urbanization: rethinking the paradigm" (pp.17-41), et spécialement
les pages 34 et suivantes; Armstrong, W. (1988).
Le cauchemar impérial: les
ambitions industrielles diminuées du Canada, d'Australie et
d'Argentine: 1870-1930. Tiers-Monde. (29). Juil-Déc.
Tome XXIX, # 115, pp. 529-556; Bettelheim, C. (1972).
“Theoretical comments”. In:
Arghiri Emmanuel (ed.). Unequal exchange (pp. 271-323), et
spécialement les pages 301 et suiv. New York, London: Monthly Review
Press; O'Brien, P.J. (1975). A
critique of Latin America theories of dependencies. In: I. Oxaal, T.
Barnett, D. Booth (eds.). Beyond the sociology of development:
economy and society in Latin America and Africa.
(pp. 7-28), et spécialement
les pages 13 et suiv. London, Boston: Routledge & Kegan Paul;
Poulantzas, N. (1974). Les classes sociales dans le capitalisme
aujourd'hui. Paris: Seuil. Collection Points # 81.
[8]
Armstrong, W. (1985). The
social origins of industrial growth: Canada, Argentina, and
Australia, 1870-1930.
In: D.C.M. Platt et G.
di Tella (eds.). Argentina,
Australia, and Canada: studies in comparative development, 1870-1965.
(pp. 76-85). New York: St. Martin's Press.
(notre traduction).
[11]
Voir: Pye, L. W.,
(1963). Communications and political development.
Princeton: Princeton Univ. Press, p. 4; Woodrow, R.B. et alii.
(1981). Conflict over communication policy: study of
federal-provincial relations and public policy. Ottawa: C.D. Howe
Institute, Policy Commentary # 1, p.3.
[12]
Sur le modèle
américain: Canada, House of
Commons, Debates, (1937). Vol. III, pp. 2910-11, 2433-34;
Canada, Debates,
(1932), Vol. III, p.3346; Canada, Special Committee on radio
broadcasting (1932). Ottawa: J.O. Patenaude, pp. 64 et
suiv. (exposé
d'Augustin Frigon), 414-15. Sur le modèle britannique: Canada,
Debates.
(1936). Vol. IV. pp. 3708-18; Special Committee... (1932),
p. 517.
[13]
"En 1938, les États-Unis comptent 650 stations et 26 millions de
postes récepteurs; sept Américains sur dix écoutent la radio. Nombre
de petits postes créés
à l'origine ont été
regroupés au sein des trois grandes chaînes
qui dominent le marché
américain:
NBC, CBS et ABC. Celles-ci ont les installations les plus puissantes
et les plus modernes qui soient au monde. La RCA, elle-même liée aux
grandes compagnies d'électricité, domine de son influence les trois
grandes chaînes
de programmes". In: Bertho, C. (1981).
Télégraphes
et téléphones:
de Valmy au microprocesseur.
Paris: Librairie générale
française.
Coll. Livre de Poche # 5581, p. 337.
[14]
Ellis, D. (1979).
La radiodiffusion
canadienne: objectifs et réalités,
1928-1968.
Gouvernement du Canada: Département de Communication.
Approvisionnement et Service Canada. p. 13.
[15]
Le témoignage de J.
A. Dupont, propriétaire d'une station privée canadienne (CKAC,
Montréal), demeure significatif à
cet effet. Voir: Special
Committee... (1932),
op. cit.,
pp.521-530.
[16]
Cette définition est
largement conforme à celle que nous retrouvons dans l'encyclopédie
Universalis
(1985) sous le titre "Nation- le nationalisme" pp. 945 et suiv.
Editeur: Encyclopaedia Universalis (1985), France.
[17]
Berger, C. (ed.). (1969).
Imperialism and nationalism, 1884-1914: a conflict in Canadian
thought.
Toronto: Copp Clark Pub. Com., p. 1.
[18]
Aitken, H.G.J. (1985). The
continuous wave: technology and American radio, 1900-1932.
Princeton: Princeton
Univ. Press, p. 256; voir également:
Rossi, J.P. (s.d.). A
'silent partnership': testing the Corporatist with American radio
communications policy-making and implementation in East Asia,
1919-1928. (texte inédit).
Rutgers University, New Brunswick, NJ., pp. 1-42; Case, J. Y., Case,
E.N. (1982). Owen D. Young and American enterprise. Boston:
David R. Godine.
[19]
Cette puissante
compagnie permettra de contrôler
entièrement les communications internes et externes, de même que
tous les brevets issus de cette technologie sur son territoire.
Voir: Tarbell, I.M. (1932).
Owen D. Young, a new type of industrial leader. New York:
MacMillan; Sarnoff, D. (1928). The development of radio art and
radio industry since 1920. In: D. Sarnoff (ed.). The radio
industry: the story of its development (pp. 94-114), New York,
Chicago: A. V. C. Shaw Co.
[20]
En dressant une
liste, même des principaux ouvrages, nous risquerions de laisser
dans l'ombre des auteurs importants. Les noms suivants servent
toutefois d'indication à
notre propos: Owen D.
Young, Gleason Archer, Lee DeForest, Paul F. Lazarsfeld, F.B.
Jewett, H.L. Jome et Ambrose Fleming.
[21]
C'est du moins
l'avis qui se dégage de la publication du livre
In Context...
dans lequel plusieurs historiens de la technologie se sont prononcés
sur cette question. Voir à ce propos l'introduction présentée
par Stephen H. Cutcliffe et Robert C. Post, (pp.11-20), In:
Cutliffe, S.H., Post, R.C. (1989).
In Context: history and the history of technology. Essay in honor of
Melvin Kranzberg. Bethlehem: Lehigh Univ. Press; London, Toronto: Associated Univ.
Presses.
[22]
Bloch, M. (1928).
Pour une histoire comparée
des sociétés
européennes.
Revue de synthèse
historique. Vol.
46.
pp. 15-51, citation: pp. 16-17. Il importe de souligner ici que
certaines traductions (anglaises) de cette conférence prononcée
devant les membres du Congrès international des sciences
historiques, à Oslo,
en août 1946, ne
rendent pas tout à fait la richesse de cette communication, soit
parce que la reproduction du texte est incomplète, soit parce qu'un
certain nombre de notes infra-paginales manquent. Les deux ouvrages
suivant mettent en relief une telle insuffisance: Etzioni, A.,
Dubow, F.L. (eds.). (1953). Two
strategies of comparison (by Marc Bloch). Comparative
perspectives: theories and methods. Boston: Little, Brown & Co.,
pp. 39-42; Lane, F.C., Riemersma, J.C. (eds.). (1953). Towards a
comparative history of European societies (by Marc Bloch).
Enterprise and secular change.
Homewood, III: Richard D. Irwin, pp.494-522. Par contre, l'étude
de William H. Sewell, Jr. explicite les propos de Bloch.
In:
Sewell, W.H. (1967). Bloch and the logic of comparative history.
History and theory.
Vol. 6.,
pp. 208-219.
[23]
Grew, R. (1980). The case for
comparing histories. American historical Review. Vol. 85., p.
776.
[24]
Les termes
englobant/englobé
ont été
empruntés
à Jean-Marie Floch dans un
ouvrage intitulé:
Sémiotique
poétique et discours mythique en photographie: analyse d'un 'NU'
d'Édouard Bouba.
Centro internazionale di semiotica e di linguistica. Italia, 95.
Università
di Urbino, série
F. L'herméneutique allemande s'est également préoccupée
de ce rapport et la pensée
de Schleiermacher vis-à-vis
de l'oeuvre d'art attribue à la reconstitution historique "la
prétention légitime de rendre compréhensible la vraie signification
d'une oeuvre d'art et de mettre celle-ci à l'abri de la mécompréhension
et d'une fausse actualisation".
In: Gadamer, H.G. (1972).
Wahrheit und Method: Grundzüge
einer philosophischen Hermeneutik.
Tübingen:
J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), p. 159. Voir
également
Ricoeur, P. (1955).
Histoire et vérité.
Paris: Seuil, pp. 31-40, "L'objectivité de l'histoire et la
subjectivité de l'historien".
[25]
Lévi-Strauss,
C. (1962). Le
totémisme aujourd'hui.
Paris:Presses universitaires de France, p. 122.
[26]
Marx, K. (1877).
Lettre publiée dans le journal russe Otechestvennye Zapiski.
Citée
par Edward Hallett Carr (1962).
What is history?
New York: Alfred A. Knopf, p. 82.
[27]
Pyenson, L.,
Sheets-Pyenson, S. (1985).
Comparative history of science in an American perspective.
History of science in America. News and Views.
Vol. III. No. 3. May-June, pp. 3-8.
[28]
Ces raisons sont
évoquées par
Raymond Grew, op. cit.,
p.769; d'autres sont mentionnées par Lewis Pyenson dans un article
intitulé "The
incomplete transmission of an European image: physics at greater
Buenos Aires and Montreal, 1890-1920".
American philosophical society.
Proceedings. Vol. 122
(1978), pp.92-115 et spécialement les pages 92-93.
[29]
Sheets-Pyenson, S.
(1988). Cathedrals of
science: the development of colonial natural history museums during
the late nineteenth century. Kingston, Montreal: McGill- Queen's Univ. Press; Pyenson, L. (1985).
Cultural imperialism and exact sciences: German expansion overseas,
1900-1930. New York: Peter Lang Publishing; Headrick, D. R. The
tentacle of..., op. cit.; Brockway, L.H. (1979). Science
and colonial expansion: the role of the British Royal Botanic
Gardens. New
York, Toronto: Academic Press.
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AU SUJET DE L'AUTEUR
ALAIN CANUEL
L’auteur possède un doctorat en
histoire et sociopolitique des sciences (Université
de Montréal) et a complété ses études
post-doctorales à l'université McGill. Au cours de
sa carrière, il a enseigné à titre de chargé de
cours à l'UQAC, l'UQAM, l'UQO, l'université
Concordia et à l'université d'Ottawa. Pendant plus
de 20 ans, il a occupé divers postes au gouvernement
fédéral à titre d'agent de programme senior et de
directeur adjoint aux trois agences subventionnaires
(Conseil de recherches en sciences humaines, Conseil
de recherches en science et en génie du Canada et
aux Instituts de recherche en santé du Canada). Il a
été responsable de programmes tels les Réseaux de
centres d’excellence du Canada, le programme de
bourses d’études supérieures du Canada Vanier, le
programme d’Aide aux revues savantes et plusieurs
autres. Au cours de sa carrière, il a publié divers
articles scientifiques dans des revues canadiennes
et étrangères de même que dans des ouvrages
collectifs nationaux et internationaux. Il a
participé à de nombreux colloques, conférences et
autres activités scientifiques à l'échelle nationale
et internationale. Pendant plus de 10 ans, il a
occupé plusieurs fonctions au sein de l'Association
pour l'histoire de la science et de la technologie
au Canada.
DU MÊME AUTEUR
Monographie
Claude Beauregard, Alain Canuel et Jérôme Coutard. «
Les médias et la guerre : de 1914 au World Trade
Center ». Montréal, Éditions du Méridien, 2002.
Alain Canuel, Les rapports entre la radiophonie et
l’impérialisme dans le contexte socio-politique
canadien de 1901 à 1928. Thèse de doctorat.
Université de Montréal, 1985.
Participation à des ouvrages collectifs
Alain Canuel, « The Influence of the British Empire
through the Development of Communications in Canada
: French Radio Broadcasting during the Second World
War», dans Media & British Empire, Palgrave
Macmillan, Hampshire (UK) and New York, 2006,
219-233.
Alain Canuel, « La censure et la propagande à
Radio-Canada pendant le Seconde Guerre mondiale »,
dans Chaire de recherche du Canada en développement
des collectivités, 17-27. publié par la Chaire de
recherche en développement des collectivités,
Université du Québec en Outaouais, 2002.
Alain Canuel, « Il y a un siècle comment les
États-Unis ont gagné la bataille des ondes », dans
Forces n° 124- La nouvelle révolution mondiale des
télécommunications, 29-38, Société d’édition de la
revue Forces, 1999.
Alain Canuel, « L’impérialisme et la radiophonie au
Canada, 1914-1918 », dans La Première Guerre
mondiale et le Canada, Contributions sociomilitaires
québécoises, 163-176. Dir. Roch Legault et Jean
Lamarre, Edition du Méridien, Histoire militaire,
1999.
Articles scientifiques
Alain Canuel, « La Ligue pour la défense du Canada :
le cas de la section Chicoutimi”, Saguenayensia, 49,
n° 3, (juillet-septembre 2007) 17-26.
Alain Canuel. « Le réseau de la radio publique de
langue française au Canada, 1933-1945 », Fréquences
/ Frequency n° 9-10 (2002), 41-71.
Alain Canuel. « Censure et politique en temps de
guerre au Canada : le réseau public d’expression
française », Bulletin d’histoire politique, numéro
spécial L’histoire militaire dans tous ses états,
Dir. Andrée Laprise et Robert Comeau, 8, n° 2-3
(hiver 2000), 172-183.
Alain Canuel. « Les avatars de la radio publique
d’expression française au Canada, 1932-1939 », Revue
d’histoire de l’Amérique française, 51, n° 3 (hiver
1998), 327-357.
Alain Canuel. « La censure en temps de guerre :
Radio-Canada et le plébiscite de 1942 », Revue
d’histoire de l’Amérique française, 52, n° 2
(automne 1998), 217-243.
Alain Canuel. « Les télécommunications nationales en
Argentine des débuts à l'ère péroniste », Revue
d'études Latino-américaines et Caraïbes 21, n° 41
(1996), 59-87.
Alain Canuel. « Vilmond Fortin, pionnier de la radio
au Saguenay », Saguenayensia, 40, n° 1,
(janvier-mars 1996), 24-34.
Alain Canuel. « Augustin Frigon et la radio publique
au Canada », Scientia Canadensis, 19, n° 48 (1995),
29-51.
Alain Canuel. « La publicité radiophonique au
Saguenay et la station CRCS (CBJ). Saguenayensia,
35, n° 1 (janvier-mars, 1993), 16-25.
Alain Canuel. « Les télécommunications à Montréal
entre 1846 et 1946 », Scientia Canadensis, 26, n° 1
(1993), 5-24.
Alain Canuel. « Le câble sous-marin et la TSF en
Allemagne avant la Première Guerre mondiale »,
Annales canadiennes d'histoire, 26, (décembre 1991),
415-428.
Alain Canuel. « Les débuts de la radio au Saguenay
», Saguenayensia, 32, n° 1 (janvier-mars, 1990),
7-13.
Alain Canuel. « La formacion medica en Canada », El
Medico, n° 303 (février 1989), 348-355.
Alain Canuel. « La formacion medica en Canada », El
Medico, n° 304 (mars 1989), 356-361.
Alain Canuel. Revue d'histoire de l'Amérique
française, vol. 61, n° 2, 2007, p. 337-339. Article
publié dans le journal Die Eule, Deutsches Museum,
Munich, n° 8 (août 1986), 1.
Alain Canuel. « La présence de l'impérialisme dans
les débuts de la radiophonie au Canada: 1900-1928 »,
Revue d'études canadiennes, 20, n° 4 (hiver
1985-1986), 45-60.
Alain Canuel, «Le rôle de l’Évangéline
dans le développement de la radio et de la
télévision acadienne entre 1950 et 1965», Les
Cahiers, La Société historique acadienne, Vol. 49, #
1, pp. 28-44.
Alain Canuel, «L’évolution de la radio de langue
française en Acadie, 1939-1959», Port Acadie, Vol.
29, Printemps 2016, pp. 73-110.
Alain Canuel, «La participation de l’Église
catholique, du Conseil de la vie française et le
rôle de l’abbé Paul-Émile Gosselin dans le
développement de la radio française au Canada»
(soumis à la revue Études d’histoire religieuse).
Comptes rendus
Alain Canuel. Compte-rendu de : WILLIS, John, dir.,
More Than Words. Readings in Transport,
Communication and the History of Postal
Communication (Gatineau, Musée canadien des
civilisations, coll. « Mercure, Musée canadien de la
poste », no 5, 2007). Revue d'histoire de l'Amérique
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