EXTRAIT
Anthropologie du
combat,
Livre I - Le combat défensif de survie - Le mental
au combat,
essai, Jean-Luc Guinot, TheBookEdition.com,
Collection développons
INTRODUCTION
«
Il
est vain, si l’on plante un chêne, d’espérer
s'abriter bientôt sous son feuillage. »
Antoine de SAINT-EXUPERY – Terre des Hommes.
Pourquoi
écrire ? dans le monde très curieux où nous
vivons pourquoi diable écrire un livre sur
l’humain au combat ? dans « mon utopie »
Albert JACQUARD
[1]
écrit « la
meilleure façon de faire le tour d’un
domaine scientifique est de l’exposer, de
l’enseigner, d’en faire un livre ».
Certes, écrire est une aventure passionnante
en continuité directe avec l’enseignement,
les deux, obligeants à une recherche
approfondie des sujets à développer. Étudier
l’humain au combat nous entraîne dans une
aventure scientifique passionnante, mais
déroutante, car susceptible de changer à
tout jamais la vision d’un monde bien
différent de celui que notre socio culture
voudrait nous montrer, voir nous imposer. À
bien y réfléchir, on se demande d’ailleurs
pourquoi les humains n’écrivent pas plus
[2],
nous pensons bien entendu aux hommes et aux
femmes vivants sur cette terre, pensant ne
pas en avoir les capacités ou, qui
simplement pensent ne rien avoir à dire.
Pourtant, chaque homo sapien vivant
sur cette planète est une expérience de vie
exceptionnelle, car unique. Il est nul
besoin d’être professeur et de
passer l’agrégation pour avoir une
expérience à transmettre aux générations qui
vont suivre. Et, si le petit humain qui
demain, entrant à l’école pour la première
fois était incité toute sa vie durant, à
exposer son savoir et ses expériences
de vie pour les générations à venir comme,
une marque de son passage sur cette terre
comme, une contribution à l’évolution de
notre espèce ? Qu’importe que cet enfant
devienne ingénieur, professeur, artisan ou
mère au foyer, il aura une vie à raconter,
un vécu à expliquer, un savoir à
transmettre. Chaque humain a finalement le
droit de vivre après cette disparition
biologique que nous appelons la mort.
Actuellement l’informatique y contribue avec
les blogs et autres systèmes de
communication, mais un livre est autre
chose, un livre est un patrimoine de vie, il
met nos sens à contribution, crée des
émotions. Le livre est un héritage bien plus
important que l’héritage familial des biens
matériels, il est l’héritage humain de la
connaissance faite à l’humanité. H. LABORIT
a écrit « la vraie famille de l’Homme,
ce sont ses idées, et la matière et
l’énergie qui leur servent de support et les
transportent, ce sont les systèmes nerveux
de tous les hommes qui à travers les âges se
trouveront « informés » par elles. Alors,
notre chair peut bien mourir, l’information
demeure véhiculée par la chair de ceux qui
l’ont accueillie et la transmettent en
l’enrichissant, de génération en génération ».
Nous avons
dit tout à l’heure que l’étude de l’humain
était passionnante mais, pouvait être
déroutante, en effet, comment ne pas être
effrayé lorsque l’on pénètre l’humain dans
son vide quantique, début de l’aventure des
niveaux d’organisation du vivant. Comment ne
pas être effrayé et en même temps passionné,
lorsque l’on découvre le fonctionnement du
système nerveux, successivement, reptile,
mammifère et imaginant ou les trois à la
fois. Alors un jour, à force d’étudier, à
force d’enseigner, arrive le moment d’écrire
en essayant de partager et de transmettre
son savoir, sachant que ce savoir n’est que
le résultat d’une expérience personnelle,
faite de connaissances accumulées à l’ombre
d’une socio culture qui s’est imprimée pour
toujours dans le cerveau de celui qui écrit,
de la première seconde de sa vie à l’instant
ou il rédige. Écrire c’est donc partager son
savoir, son expérience, afin d’informer
l’autre, en prenant bien garde de ne pas
faire comme Narcisse qui cherchant l’autre,
regarde à la surface de l’eau et ne voit
jamais que son visage.
L'objectif de
ce livre est d'expliquer, le plus simplement
possible, le fonctionnement du corps et du
cerveau lors d'une agression sachant que, du
premier au dernier jour de sa vie, l’homo
sapien-y sera confronté. L'Homme moderne,
comme l'était son ancêtre, est parfaitement
armé pour faire face à toutes sortes
d'événements inattendus et violents, il en
possède les ressources innées ou acquises
tout au long de son évolution en tant
qu'espèce. En théorie, l'homme du XXIe
siècle, fort des expériences transmises par
ses ancêtres devrait être capable de faire
face avec succès à toutes sortes
d'agressions, pourtant il n'en est rien !
nous pouvons même dire que jamais, l'Homo
sapien ne fut si faible dans son corps et
dans sa tête. Capable d'inventer des armes
terrifiantes pour tuer en nombre et à
distance mais, incapable la plupart du temps
de gérer une agression au corps-à-corps
l'impliquant personnellement. Jouant sans
vergogne avec la nature, au point de la
provoquer en allant s'installer sur les
rives des fleuves et dans les couloirs
d'avalanches mais, anéanti par le
déchaînement des éléments naturels lorsque
ceux-ci se contentent juste d'exister.
En 1754,
Jean-Jacques ROUSSEAU[3]
écrivit un discours devenu célèbre sur «
l'origine et les fondements de l'inégalité
parmi les hommes », le grand homme et
libre penseur qu'était Rousseau essaye de
démontrer dans la première partie de son
ouvrage que l'homme à l'état de nature,
c'est-à-dire tel qu'il serait sans la socio
culture de son époque, est capable de
rivaliser avec les dangers de la nature y
compris les prédateurs les plus féroces : « Le
corps de l'homme sauvage étant le seul
instrument qu'il connaisse, il l'emploie à
divers usages, dont, par le défaut
d'exercice, les nôtres sont incapables, et
c'est notre industrie qui nous ôte la force
et l'agilité que la nécessité l'oblige
d'acquérir ». Et d'ajouter : « Mettez
un ours ou un loup aux prises avec un
sauvage robuste, agile, courageux comme ils
le sont tous armés de pierres et d’un bon
bâton, et vous verrez que le péril sera tout
au moins réciproque ».
Pour autant,
nous parlons là de l'Homme en général avec
un grand H, c'est-à-dire l'homo sapiens,
homme ou femme, depuis son apparition il y a
150 000 ans environ. Pourquoi l'Homme du XXI
siècle est-il plus faible que ses ancêtres
de la préhistoire ? Notre espèce
devient-elle plus fragile ? Cette situation
est-elle irréversible ? Depuis la période
néolithique, il y a environ 12 000 ans et
l'apparition de la sédentarisation ;
C’est-à-dire l'abandon de la chasse au
profit de l'agriculture, depuis l'apparition
de l'outillage et d'un mode de vie moins
rude, depuis notamment la spécialisation des
métiers et plus particulièrement le métier
des armes destiné aux seuls guerriers
chargés de défendre les richesses, les
villages et de faire la guerre, l'Homme a
désapprit à se défendre et à faire face aux
prédateurs.
À poids égal,
l'homme est sans doute le mammifère le plus
défavorisé par la nature, ses armes
naturelles et ses capacités physiques sont
dérisoires, par ailleurs, la station debout
limite sa vitesse en cas de fuite et expose
ses organes vitaux en cas de combat. Henri
PLEE[4]
dans son ouvrage sur les points vitaux ne
dit pas autre chose : « Sa bipédie limite
sa vitesse de fuite et expose dangereusement
la quasi-totalité de ses organes vitaux :
yeux, gorge, cœur, ventre, testicules,
seins, n'attendant manifestement que le
coup, la saisie ou la morsure » et
d'ajouter « si notre évolution ne nous
avait pas dotés d'un cerveau « nouveau »,
suffisant créatif pour inventer des
prothèses (des armes) et pour cogiter des
stratégies de protection et de repli... il
est probable que nous ne serions pas là.
Nous ferions partie des 98 % des espèces
animales qui s'éteignirent depuis
l'apparition de la vie sur la terre ».
Il est
d'ailleurs possible que la faiblesse
physique naturelle de l'être humain soit à
l'origine de ses capacités à tuer ses
semblables dans des guerres effroyables et
avec des armes de plus en plus
sophistiquées.
Pourtant,
nous pensons l’Homme doué d'un patrimoine
génétique et culturel capable de lui
permettre de répondre aux agressions de
toutes sortes, nous pensons, que les
ressources qui étaient celles de ces
ancêtres, sont encore en lui et qu'elles ne
demandent qu’à être activées. Dans le cadre
d'une méthode laboratoire, appelée
R.A.P.A.C.E (i) (réactions adaptées aux
agressions et prédations par le combat
éducatif et instinctif), nous avons donc
établi plusieurs programmes visant cet
objectif. Nous avons remarqué, chez nos
étudiants que la peur, l'angoisse, le
stress, précédant une confrontation ou une
agression même aiguë, était atténuée chez
les sujets à qui nous avions expliqué le
fonctionnement du cerveau, du système
nerveux, du mécanisme de la peur et de
l'inhibition de l'action. Mieux encore, il
semble que les capacités de défenses
mentales et physiques, s'en trouvent
libérées et renforcées. Cela s'est avéré
significatif lors de parcours de stress et
de mise en situation réaliste, mais
également lors de relevés ethnographiques[5]
auprès de personnes ayant suivi nos
programmes.
L'objectif de
ce livre est donc de vous faire partager nos
réflexions et connaissances sur le sujet du
point de vue de la préparation mentale
persuadé, qu'elle est la base même d'une
réadaptation à la réponse aux agressions. En
effet, nous pensons qu'aucun changement ne
peut intervenir par la seule technique,
aucun système de combat, aussi efficace
soit-il ne peut transformer un humain englué
dans une socio- culture de dépendance, en un
humain capable de défendre sa vie en
situation de stress intense. Il est vain
d'enseigner une gesticulation sportive ou
dite martiale sans action sur le cerveau et
plus particulièrement sur le système
nerveux, il est possible de déguiser un
mouton en tigre, il n'en reste pas moins un
mouton ! La confrontation face à face (corps
à corps) physique et (ou) psychologique est,
sans doute, la plus traumatisante pour un
individu, le choix de se battre, de
résister, de fuir ou se soumettre, est
toujours difficilement accepté et les
excuses fournies par l’égo sont loin de
satisfaire, les profondeurs de l’âme et de
l’amour propre.
Nous pensons,
que chaque homo sapien devrait avoir à sa
disposition une boîte à outils afin de
l'aider à trouver des solutions lors d'une
agression et ainsi lui permettre de pouvoir
fuir ou lutter, mais également de gérer
l'après et faire en sorte que l'expérience
vécue, puisse servir à la création
d'un outil de vie supplémentaire. Nous
reviendrons en détail dans un prochain livre
sur les raisons physiques,
biologiques et socioculturelles, qui selon
nous, conduisent l'homme du XXIe siècle à
cette incapacité à faire face aux agressions
et affaiblissent l'espèce.
Ce livre est
destiné à donner des outils permettant, de
mieux vivre les confrontations et les
agressions que la vie ne manquera pas de
mettre sur votre chemin, il vous aidera
aussi à comprendre les épreuves passées et à
établir des stratégies de défense efficaces.
L'agression physique, base même de notre
réflexion, est bien sûr très largement
abordée, mais nous avons voulu élargir notre
exposé, avec les agressions dites
psychologiques et notamment l'inhibition de
l'action, responsable de nombreuses maladies
et cause de décès dans de nombreux pays.
Ce livre, cet
essai littéraire s'adresse à tous, dans un
langage le plus accessible possible pour les
non-spécialistes, il est le résultat d'une
recherche, d'un essai de compréhension d'un
système complexe, puisque vivant, et en
évolution permanente. L’auteur de ce livre
ne prétend pas détenir la vérité[6]-
mais évoque la réalité[7]-
il ne propose pas de recettes miracles pour
apprendre à se défendre mais, simplement
fournir des éléments capables d'alimenter
votre propre réflexion avec l'espoir de
faire de vous des chercheurs, capables de
découvrir des voies inexplorées et plus
particulièrement celles qui sont enfouies au
plus profond de votre cerveau.
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