
LE
COMPORTEMENT VERBAL
par Jean-Pierre Bacon
Téléchargement
Vous pouvez télécharger cet article en format pdf en
cliquant ici
© 2019
Jean-Pierre Bacon
Au sujet de
l’auteur
Diplômé du 2e cycle de la faculté
des arts et des sciences de l’Université de Montréal, où l’ingénieur
et philosophe Jean-Claude Brief lui a permis de découvrir un des
ouvrages de B. F. Skinner qui ont été traduits en français,
Jean-Pierre Bacon a été professeur de physique et de mathématiques
au Collège de Montréal ainsi que aidant auprès de jeunes en
difficulté scolaire.
Dans son histoire personnelle, l’homme se comporte de façon non
verbale bien avant de le faire verbalement. C’est sûrement le cas
aussi dans son histoire évolutive. Or cela est significatif à bien
des égards, comme nous le réaliserons tout au cours de ce texte.
En tant que phénomène physique, un comportement verbal émis est
constitué par l’être qui se comporte ainsi : il a une position
indiscutable dans l’espace et le temps et est descriptible en termes
de la physique. En tant que phénomène opérant, il est un membre
d’une classe descriptible par cette part récente de la biologie
qu’est la science des contingences de renforcement (appelée aussi « analyse
expérimentale du comportement » et « analyse opérante »).
Celles-ci sont l’ensemble des relations mutuelles entre le
comportement émis (à savoir n’importe quel être se comportant ainsi,
en tant que ce comportement), ses circonstances d’émission et ses
conséquences qui le renforcent. Par comparaison, ce même être en
tant que membre d’une espèce animale est descriptible par les
propriétés anatomiques et physiologiques qu’il a en commun avec ses
congénères. En toute apparence et vraisemblance, ce sont les
histoires personnelle et évolutive qui sont responsables de
l’existence de nos différents comportements verbaux.
Comme un grand nombre de réponses non verbales, une parole émise
est suivie de conséquences qui augmentent la fréquence de l’émission
du comportement (opérant), dans de semblables circonstances
ultérieures. Le fait décrit est scientifique. Ces conséquences sont
appelées « renforcements ». Pour un behavioriste radical, elles
transforment l’organisme qui l’a émise de façon telle que des
stimuli semblables à ceux présents lors de cette émission acquièrent
le rôle de conditions de sa production future.
En considérant l’action de l’environnement après une telle
conduite émise, non seulement avant et/ou pendant, il devient facile
d’expliquer, objectivement, ce qui différencie deux actes de la même
forme apparente produits en des contextes semblant indiscernables.
Ainsi, deux gestes apparemment identiques de la main émis par un
homme dans des situations similaires sont différents selon, par
exemple, que la conséquence définissant l’un est d’arrêter quelqu’un
se rapprochant et celle qui définit l’autre est d’initier son
rapprochement en le saluant. Pour l’expliquer, il n’est donc nul
besoin de faire appel à une idée ou, de surcroît, à une entité qui
nous serait inaccessible.
Dans cet article, nous présentons (1) les comportements verbaux
en trois grands groupes sommaires et une définition de l’opérant
verbal, (2) cinq importantes considérations au sujet de ces
conduites, (3) une traduction de quelques termes appartenant au
langage commun (comme « langage », « signification » et « vérité »)
et (4) quelques grands problèmes écartés par une analyse opérante de
la conduite verbale.
(1)
Trois
regroupements de comportements verbaux et une définition du
comportement verbal[1]
La définition qui consiste à affiner, par renforcements dans
l’environnement, une réponse « inconditionnée » d’une façon telle
qu’elle devienne une certaine parole (un certain comportement
verbal) est à distinguer de sa définition qui est une règle
comportant une description de cette classe opérante. Ainsi, un
parent qui encourage le babillement d’un enfant, qui lui présente un
échantillon de ce qu’il peut dire en une situation donnée, parfois
aménagée pour cela, qui l’encourage à le répéter, qui le parfait,
etc. définit un comportement comme il est mentionné initialement.
Celui qui donne à un adulte une règle, pour le comprendre, fait une
autre chose, identifiée par un homonyme.
Le premier grand groupe de paroles proposé ici
peut être assez bien défini en disant que les membres de celles-ci
agissent à la place de ce qui est nommé, identifié, décrit. Ce qu’on
appelle communément « un nom propre », comme « B. F. Skinner », a
pour facteur préalable d’émission un être particulier, celui dont on
dit qu’il en est le « référent ». Un mot tel que « rouge sang » a
pour contrôle (facteur préalable d’émission) tout stimulus, incluant
bien sûr du sang, en tant que la propriété physique, importante
parmi celles sous lesquelles des réponses non verbales sont émises.
Pour sa part, un comme « mal de dents » agit à la place de
l’organisme qui sent son corps, en tant qu’agent de
renforcement négatif. Le mot « bon » se réfère, lui, à une large
classe d’objets en tant qu’agent de
renforcements positifs. Un nom comme « le salut » fait de même
pour de grandes classes d’êtres en acte, en tant que ce
comportement. Quand on dit « l’objet est rouge sang », « c’est un
mal de dents », « l’aliment est bon », « il salue », on émet une
conduite descriptive dont le facteur d’émission est un objet ou un
être dans le fait qu’il a telle propriété physique, qu’il exerce
telle sensation, qu’il renforce positivement et qu’il émet telle
conduite, définie par des propriétés, respectivement. Une désinence
morphémique caractéristique du passé et une du pluriel sont de cette
catégorie. Notons que l’homme répond verbalement aussi à plus d’un
objet à la fois (stimulus, propriété, etc.) et qu’il le fait souvent
en des termes qu’il n’a pas eu l’occasion d’émettre
isolément avant la codification de ses paroles grâce à l’alphabet.
Il en va ainsi quand il dit « il y a un chien dans la pièce
adjacente » ou « la pomme est passée du vert
au rouge » par exemple.
Cette grande catégorie a été appelée le « tact », en
aphérèse du mot « contact ».
Notons que les facteurs responsables d’un comportement, verbal ou
non, sont souvent partagés entre un locuteur, qui a accès à ce qui
est à nommer, à identifier, à décrire, et l’auditeur, qui agit sous
cette réponse émise et en est renforcé. Émettre une conduite verbale
et répondre à cette conduite émise sont des comportements
différents, même quand cette réponse est verbale. Une conduite
verbale et la réponse à celle-ci sont déterminées par des
expériences positives (contingences de renforcement) qui diffèrent.
Un comportement dirigé par une règle a une indépendance
mécanique, et une apparente « liberté » absolue, par rapport à tout
support environnemental dans l’espace et le temps Mais il demeure
que ce comportement est déterminé (précisé dans ses propriétés et
limites) par les trois facteurs en relation mutuelle que sont ce
comportement émis, ses circonstances d’émission et ses conséquences
qui le renforcent. Les organismes médiatisent les rôles joués par le
milieu avant et après une telle réponse.
Un individu peut prendre conscience d’un certain événement, comme
le passage d’un autobus à un moment assez précis en un lieu
particulier, puis diriger, par cette conscience verbale, consignée
ou non, sa propre conduite qui sera renforcée sous le mode positif,
en rencontrant des amis qui font ce voyage de l’autobus en
l’occurrence, ou sous le mode négatif, en évitant les inconvénients
du retard ou de l’attente, par exemple.
Il est sensé de dire qu’un acte verbal est un intermédiaire entre
les circonstances de son émission et le renforcement d’une réponse
donnée par un auditeur, pouvant être le locuteur. Mais un individu
dont la marche a pour renforcement un lieu recherché ne se comporte
pas verbalement ainsi, même s’il est suivi par quelqu’un. Par
contre, s’il marche pour diriger cet autre, il produit une conduite
verbale du type gestuel, comme le fait un homme qui pointe un chemin
du doigt. Or cela permet de comprendre que la parole est une
conduite renforcée par des individus qui médiatisent les
renforcements de leurs réponses produites en fonction de cette
parole. Ici la communauté recoure à des renforcements tels que
l’attention, un objet impliqué, qu’ils procurent, ou des mots comme
« bien » et « merci », pour conditionner le tact à établir, et ces
renforcements sont « différés » des conséquences qui définissent les
réponses sous son contrôle. Un homme peut amorcer sa conduite par sa
propre parole. Celle-ci est le comportement appris, et les
conséquences de ses différents actes amorcés ainsi le renforcent,
lui-même.
La réponse qu’un auditeur donne à une parole d’un locuteur peut
être, elle-même, verbale. Il en est ainsi quand, disons,
l’interlocuteur transmet l’information à un autre ou qu’il produit
une nouvelle conduite verbale sous la direction partielle de cette
première. Il est souvent utile de distinguer le comportement
contrôlé par la règle de celui de la même grande catégorie qui est
modelé directement par l’ensemble de ses déterminants. Des
différences peuvent apparaître lors de ces conduites, ayant la même
topographie. Ainsi, un homme peut ne pas pouvoir nommer un individu
qu’il observe, alors que, par des informations, il connaît,
pourtant, son nom et beaucoup d’autres choses, à son sujet.
Cela nous amène à notre second grand groupe de
conduites verbales, à distinguer les unes des autres. Un tact verbal
qui est dirigé par une règle (voir ci-dessus) n’est pas à confondre
avec un acte de la même topographie consistant uniquement en la
reproduction sonore d’un autre. Celui-ci est appelé « échoïque ».
Ses circonstances d’émission et ses renforcements sont bien
différents de ceux de ce premier. Une seconde conduite de ce
deuxième grand groupe est la lecture, laquelle consiste à traduire
en stimuli sonores des écrits qui consignent des conduites verbales.
(Ce comportement, comme bien d’autres, peut être émis, ensuite, de
façon implicite.) Une autre peut-être est la manipulation de stimuli
verbaux sous leur forme, comme dans un cadre logique où on pose « a
est b » et « tout b est c », ou
inclusivement y conclut « a est c », sans
peut-être connaître ce que représentent, éventuellement, a,
b et c. Ces réponses utiles (non toutes linguistiques) ont en
commun d’être données à des « signes » (appelés, techniquement,
« stimuli discriminatifs verbaux »), lesquels sont à
distinguer, dans l’éventualité, des comportements
verbaux dont l’émission est « favorisée » par ces signes.
Notre troisième grand groupe d’opérants verbaux,
eux aussi différents les uns des autres, peut être décrit par leur
propriété commune d’être contrôlés par d’autres conduites verbales
et renforcés par un effet comportemental, incluant la clarification
ou la modification de la réponse de l’auditeur. Dans ce grand
groupe, il y a les négations, comme « il n’y a pas de chien dans la
pièce adjacente », les assertions et les formules d’énonciation
(comme « je fermerai la porte aussitôt que vous en enverrez le
signal », « je pense que j’ai fermé la porte », « je suis sûr de
l’avoir fermée » ou « il est possible que la porte se ferme ») et la
clarification d’une conduite qu’elle comporte (comme « je vous
ordonne de fermer la porte »). Un comportement de ce type est appelé
« autoclitique » (le locuteur « tique » verbalement dans
une conduite globale qui a pour facteur d’émission un autre
comportement verbal, qu’il comporte). Il y a aussi ce qu’on appelle
« mand » (en aphérèse du mot « command »), comme
le commandement « Fermer la porte de cette pièce! » et une question
comme « Avez-vous fermé la porte de la pièce? ».
Terminons cette section en disant qu’une classe comportementale
est comme une espèce animale en ce que ses membres potentiels
n’existent pas et que ce sont ceux qui existent qui lui permettent
d’exister. Or étant donné que le nom « le répertoire verbal » se
« réfère » à l’ensemble de tous les comportements verbaux
potentiels, celui-ci est un objet théorique, utile, en attente,
peut-être, qu’on en construise le concept, en termes de l’anatomie
ou de la physiologie vraisemblablement, et que l’on découvre
celui-ci, en l’occurrence en en faisant l’abstraction, par un nom,
dans des organismes le constituant.
(2)
Cinq
importantes considérations au sujet des comportements verbaux
A. L’unité du comportement
verbal
La première de ces considérations a pour objet la notion d’unité
comportementale. Celle-ci sous-entend la continuité d’une action
d’un individu qui ne peut être interprété comme étant un ensemble
d’éléments (tendons, muscles, organes et, bien sûr, membres)
indépendants les uns des autres. Considérons le comportement d’un
singe qui touche une partie d’un écran représentative d’un morceau
de banane, qu’il obtient en conséquence de son geste. Ce singe a été
conditionné par des étapes qui sont toutes renforcées par un
échantillon du même aliment, et une unité de son comportement peut
même ne jamais apparaître isolément. De plus, un comportement
différent de ce singe peut être exécuté par le même ensemble de
muscles. Aussi, sa conduite est facilement généralisée à des
situations différentes, montrant des similitudes.
Notons que c’est à une époque plutôt tardive de son évolution que
la famille humaine a connu le changement remarquable consistant à
être finement conditionnée, sous le mode opérant, dans sa
musculature impliquée dans son comportement vocal, entraînant
l’apparition d’un nombre important de caractéristiques de la
conduite humaine. Cette musculature est un produit de l’histoire
évolutive des êtres vivants. Or les membres des autres espèces
connues ne semblent pas avoir un équipement (par exemple une
musculature de leur larynx) pouvant être affecté sous un aussi fin
conditionnement.
Ce qu’on appelle « le mot » n’est pas l’unité verbale. L’analyse
expérimentale du comportement montre que des objets aussi complexes
que des phrases et des paragraphes peuvent varier ensemble, en
fonction d’une variable unique, et, à l’opposé, que des unités aussi
petites que celles auxquelles nous pouvons répondre en termes d’un
phonème ont pour facteur d’émission des variables indépendantes,
dans le milieu environnant.1 À titre d’exemple, notons la
généralisation que subit ce que les linguistes appellent le suffixe
« able », en français. Il n’est pas un mot (contrairement à « able »
en anglais). Néanmoins, il apparaît « spontanément » pour former des
mots, comme « comprenable », qui n’est pas considéré être légal, et
« falsifiable », qui l’est, depuis peu. Il faut reconnaître cela
pour expliquer, entre autres, des réponses verbales comme les lapsus
et pour comprendre des procédés de style comme la rime, l’assonance,
le rythme.
Il ne faut donc pas être surpris que des organismes négligent les
frontières que nous traçons en considérant les comportements en
unités définies et immuables. C’est l’analyse fonctionnelle, plus
que celle linguistique ou grammaticale, qui est de référence.
Une conduite verbale est une classe déterminée par l’ensemble des
propriétés communes de ses échantillons. Leur topographie n’en est
qu’un cas particulier. Cependant elle importe ne serait-ce que du
fait que nous répondons toujours à une parole émise sous sa
topographie d’abord. Il est vrai que même des différences évidentes
de celle-ci sont très souvent négligées sans mal. Mais certaines
autres importent. Ainsi, la tonalité d’une parole émise nous indique
qu’elle est un ordre (par exemple : « Lever le bras! »), plutôt
qu’une demande (« Lever le bras? ») ou une identification d’un acte
(la réponse « Lever le bras. » à la question « Est-il en train de
baisser ou de lever le bras? »).
B. L’émission du comportement verbal
La deuxième considération annoncée au début de cette section est
qu’un ensemble d’expériences positives (contingences de
renforcement) antérieures déterminent un comportement verbal
dans sa topographie et dans le rôle que les stimuli exercent sur lui.
Il devient alors facile d’expliquer l’émission par un individu de
comportements verbaux qu’il n’a pas connus auparavant. Un homme qui
a appris à dire des choses comme « la chatte est blanche », « la
tasse est blanche » et même « la chose est blanche » peut facilement
émettre, par généralisation, la description « la rose est blanche »,
bien qu’il puisse se questionner ensuite à son sujet, ne serait-ce
que sous « l’intuition » que le rose et le rouge sont des propriétés
incompatibles. Nous pouvons expliquer ainsi l’émission de réponses
verbales plus complexes, comme « Vole-t-on au-dessus de l’océan
Atlantique? ». Un individu peut facilement produire cette question,
même originale pour lui, quand il a appris à dire par exemple
« l’oiseau vole », l’avion vole », « le pilote de l’avion vole »,
etc., « la chose est au-dessus de cette autre » ainsi qu’à émettre
le nom « l’océan Atlantique » à la suite, par exemple, de
l’information « c’est l’océan Atlantique » ou de l’observation d’un
GPS qui le représente et mentionne.
Il est tentant d’affirmer que la majorité des mots et des
syntagmes sont comme des variables et des formes propositionnelles
respectivement, mais ces termes-ci renvoient à des « signes »,
non pas à des conduites verbales. Le stimulus verbal qui
constitue un « signe » peut être « manipulé », sous sa forme. C’est
le cas dans les cadres d’une mathématique, d’une logique et d’une
linguistique formelles, et c’est cette manipulation qui est un
comportement verbal ou sinon un processus du large type verbal.
C. Le comportement verbal émis
La troisième considération a pour « but » de faire différencier
un comportement émis en tant que membre d’une classe définie par des
propriétés, cette conduite en tant qu’organisme et elle-même en tant
que stimulus. En fait, il en va comme avec l’être qu’est un
professeur donné, que nous pouvons décrire en tant que membre de la
classe des professeurs (laquelle est un objet de la science des
contingences de renforcements), ou en tant qu’organisme (qui est un
objet de l’anatomie et de la physiologie), ou en tant que stimulus
(objet de la physique). (Comprenons qu’un individu est un membre de
la classe des professeurs en raison de ses propriétés d’émettre
certains comportements déterminés, tous descriptibles en termes de
l’analyse expérimentale du comportement.)
Ainsi, ce qui est dans un état de privation ou de stimulation
aversive, c’est une réponse émise, en tant que l’organisme en train
de la produire. Or un homme peut ne pas boire alors qu’il est
assoiffé, et le faire quand il n’a pas soif. Il lui est possible de
s’éloigner d’un danger sans être apeuré pour autant, et ne pas le
faire alors qu’il est mort de peur. L’émission des comportements
impliqués n’est que plus « fréquente » quand l’organisme est dans
les états identifiés ici. Il est vrai que des réponses verbales,
comme « soif » et « peur », ont pour facteur d’émission un organisme
en tant qu’un certain état privé ressenti. Mais on ne parle de
l’existence d’une sensation de ce type que lorsqu’un sujet ressent
son propre corps, dans l’état impliqué. Par comparaison, le mot
« brun » sert à identifier tout objet en tant que la sensation
impliquée ici. Et, par exemple, une certaine réponse visuelle donnée
par un individu à ses cheveux dans leur état actuel relatif au brun
(état naturel, ou état artificiel comme lorsqu’ils sont teints
ainsi) ne fait que « favoriser » l’identification qui a cette
couleur pour « référent ». Cette identification peut être produite
dans des cas où d’autres stimuli en sont discriminatifs (favorisent
son émission). Même un aveugle de naissance peut nous informer de la
couleur d’un objet, sous « l’information » que des membres de sa
communauté verbale lui ont déjà fait acquérir.
Répétons que les trois choses que doit spécifier la formulation
adéquate de toute réponse qui résulte d’un organisme en fonction de
son état interne (un de privation ou un de stimulation aversive)
sont cette réponse émise, les circonstances dans lesquelles elle
survient et ses conséquences qui la renforcent. L’ensemble des
relations mutuelles entre ces trois variables est ce qu’on appelle,
communément et sans grande conscience réfléchie, « expérience
positive » et, techniquement, « contingences de renforcement ».
L’état de privation ou de stimulation aversive n’est pas une de ces
trois choses; c’est uniquement ce dont est fonction la
variable « historique » qu’est le comportement émis.
D. Le « signe »
Pour le philosophe de la science des contingences de
renforcement, nul comportement verbal ne se réduit à un stimulus
(sonore, écrit ou autre). Tout au plus, un stimulus verbal est
l’affaire d’un comportement émis : il en va ainsi, par exemple, du
son constitué par l’individu qui parle, ou par l’appareil qui l’a
enregistré, ou de l’écrit qui est produit par un homme, ou par une
machine, qui consigne un comportement verbal émis.
Le mot « SORTIE CENTRE-VILLE » apparaissant sur un panneau de
signalisation d’une grande route est un « signe », une « annonce »,
un stimulus verbal qui « favorise » la conduite d’un automobiliste
sur cette route de sortie. Par le lieu d’aboutissement, il est
« l’annonce » de ce chemin de sortie, lequel est le facteur
antérieur de l’émission de la conduite sur celui-ci.
Techniquement parlant, il est appelé « stimulus discriminatif » au
sens proche, ici, de « stimulus faisant augmenter la probabilité
d’émission de la conduite contrôlée par ce facteur, antérieur ».
Le mot « VILLE DE MONTRÉAL » écrit sur un semblable panneau est, lui
aussi, un « signe », une « annonce », un stimulus verbal qui
« favorise » la conduite d’un automobiliste dans une direction
donnée. Ce lieu est une condition postérieure de la
conduite dans cette direction : il est l’endroit qui renforce ce
comportement, ou qui acquière ce « rôle » en y menant. Techniquement
parlant, il est appelé « stimulus discriminatif » au sens proche,
ici, de « stimulus faisant augmenter la probabilité d’émission de la
conduite définie par cette condition, postérieure à ce
comportement émis ». Le mot « ARRÊT » qui apparaît sur un panneau de
signalisation au coin d’une petite route est, lui également, un
« signe », une « annonce ». Mais ce stimulus verbal « favorise » le
freinage entraînant l’arrêt de la conduite de l’automobiliste.
Techniquement parlant, il est appelé « stimulus discriminatif » au
sens proche, ici, de « facteur faisant augmenter la probabilité
d’émission du comportement dont la condition ultérieure est
la disparition de stimuli aversifs ou la baisse de leur intensité ».
Autrement dit, les deux premiers « signes » ci-dessus sont des
facteurs différés respectivement du contrôle (facteur
antérieur d’émission) et du renforcement (condition postérieure
d’émission, sous le mode positif) de la conduite de l’automobiliste,
et le troisième l’est du renforcement (condition postérieure
d’émission, sous le mode négatif) du freinage, total ou partiel,
relatif à cette conduite. Le premier est comme un élément (stimulus
non verbal) d’une piste animale, le second, comme un ciel ennuagé
précédant une pluie bénéfique, et le troisième, comme un nuage
menaçant, précurseur d’un dangereux orage. (À titre comparatif, un
éclair est un stimulus inconditionnel d’un « réflexe » d’évitement.
Un « réflexe » est ce qu’on appelle « un
répondant ». Une telle réponse est à distinguer d’un
comportement appelé « un
opérant », comme ceux analysés ci-dessus.) Enfin, réalisons que
le mot « POLICE » écrit sur un panneau en bordure d’une avenue est,
comme le mot « SORTIE CENTRE-VILLE » ci-dessus, un « signe », une
« annonce », un stimulus discriminatif verbal différé d’un
renforcement positif (ici un lieu où on trouve de multiples
services), mais qu’il peut occasionner des effets d’un terme comme
« ARRÊT ».
(Au passage, notons que toutes ces conduites de l’automobiliste
sont médiatisées par des réponses visuelles et par des comportements
verbaux émis en public ou en privé.)
Par comparaison, les sifflements qui dirigent le chien d’un
berger, dans la maîtrise de son troupeau, sont des comportements
verbaux (non linguistiques), non des stimuli discriminatifs
verbaux. Pour sa part, une cloche qui sonne est un stimulus
discriminatif verbal avec un chien qui a appris qu’elle annonce
la nourriture, par exemple, et elle est un stimulus conditionnel
d’un stimulus inconditionnel pour son « réflexe » de
saliver à sa vue, s’il a été conditionné comme dans la plus célèbre
expérience de
Pavlov. Le chien comprend les comportements sifflés du berger :
sa compréhension est l’affaire de sa probabilité d’agir adéquatement
et de sa tendance de plus en plus forte à le faire, par des
renforcements venant du berger et, sûrement aussi, par ses effets
sur les moutons, dont ses ancêtres étaient des prédateurs.
Cependant, le chien ne parle pas en répondant ainsi.
Un animal parle quand, par exemple, il avertit de certains
dangers par des bruits spécifiques définis par autrui. Réalisons que
lorsqu’il émet une telle conduite pour faire s’éloigner ses
semblables d’un objet qu’il ne pourrait s’approprier en leur
présence, il se comporte comme un homme qui ment en disant par
exemple « Adolf est ici », dans le « but » qui n’est pas la
conséquence définissant la réponse descriptive. Précisons que le
comportement de la même topographie qui a pour facteur d’émission un
individu du même nom, en sa présence, est une description tout à
fait appropriée, non un mensonge.
Terminons cette quatrième considération en notant qu’il n’y a pas
trop de mal à dire que les objets comme les conjonctions (« quand »,
« et », « mais », « si », « alors », etc.), comme les adverbes (« ne
», « pas », « nécessairement », « probablement », « vice-versa », «
jamais », etc.), comme les prépositions (« avant », « voici », «
après », etc.), comme les désinences du futur, pour donner un
exemple, comme les éléments de ponctuation (la virgule, le point
d’exclamation, ceux de suspension, etc.), comme les intonations et
comme les dépendances intraverbales que sont les règles de la
grammaire et de la syntaxe appartiennent à la « structure du
langage » pour dire que ce sont des unités ou des aspects
comportementaux qui sont fonction de conduites antérieures et qui
servent à clarifier ou à modifier leur effet sur les hommes qui
répondent (auditeur, lecteur, etc.). Mais nulle conduite ne se
réduit à un élément d’une structure physique ou à un stimulus en
usage sous des lois d’un prétendu monde inaccessible : elle est un
objet abstrait (une chose dont l’abstraction est un trait
caractéristique du comportement verbal). Elle n’existe, en tant que
tel, que lorsqu’elle devient le « référent » d’un « mot ».
Tout point de vue structuraliste d’un processus comportemental
est incomplet s’il néglige les histoires génétiques et
individuelles. Les supposées caractéristiques universelles des
langues résultent de celles des comportements linguistiques,
tributaires, elles, du rôle du comportement verbal dans la vie
quotidienne. Autrement dit, ces traits ne supposent pas un
équipement inné. Ce sont les expériences positives (contingences de
renforcement) aménagées par les communautés verbales qui ont des
traits universels.
E. Les comportements contrôlés par une « règle » et le
renforcement
Considérons la situation suivante, qui permettra de parler des
réponses contrôlées par une règle et du renforcement, ainsi que de
résumer ce qui précède. Après avoir pris connaissance des choses, un
individu dit « le chien A est dans le lieu B » au
propriétaire de l’animal, qui, anticipant avec tristesse ce qui va
se produire, s’éloigne de l’endroit mentionné et transmet
l’information, d’abord à sa femme, qui s’y précipite pour cajoler
une dernière fois son animal chéri, puis à un professionnel, qui va
dans le lieu et maîtrise tant bien que mal le chien agressif envers
les étrangers, pour l’amener dans une fourrière.
Les comportements d’éloignement et de rapprochement de l’endroit
mentionné sont non verbaux et certes distincts, déjà par la forme,
du comportement, verbal, qu’est l’information au sujet de l’animal
en ce lieu. Ils sont différents aussi les uns des autres. Les
comportements de rapprochement de la femme du propriétaire et ceux
de l’employé de la fourrière sont définis par des renforcements
différents. Les premiers sont sous le mode positif (le chien, en sa
présence, fait augmenter la fréquence de la séquence des actes de la
femme) et les seconds, sous le mode négatif (ce chien, en son
éloignement du lieu ainsi que par sa présence dans la fourrière,
fait cela pour la séquence de l’employé).
Les comportements opposés du propriétaire et de l’employé de la
fourrière sont produits, tous deux, dans des états de stimulation
aversive (engendrant de la tristesse chez l’un et de l’anxiété chez
l’autre). Ceux de la femme, qui sont dans la direction du
déplacement de l’employé et à l’opposé de celui du mari, sont émis
dans un état de privation du contact avec l’animal. On voit qu’un
état privé ne fait que « favoriser » une conduite opérante, laquelle
résulte de l’organisme tout entier, tel qu’il est au moment où il
agit. Les conduites de son répertoire sont, en quelque sorte, en
lutte pour leur émission dans une situation donnée. Ici aussi, aucun
de ces états n’est un des trois éléments qui déterminent la conduite
ni ce qui est appelé « son facteur d’émission ». Celui qu’est le
chien est ici dans les circonstances d’émission des conduites
modelées directement par l’ensemble de leurs contingences de
renforcement. Notons que les états des deux types impliqués
correspondent à des comportements de recherche et de fuite,
respectivement.
En passant, soulignons que les scientifiques des contingences de
renforcement ne nient pas l’existence des états privés et des
émotions, sentiments, etc., mais qu’ils sont en mesure de faire
tourner l’attention des théoriciens vers le milieu externe, dans le
« but » d’y découvrir des explications, objectives, des
comportements verbaux en cause.
Pour leurs parts, les trois échantillons de la conduite verbale «
A est dans le lieu B » qui sont mentionnés
diffèrent en tant qu’objets de la physique (ne serait-ce que du fait
qu’ils occupent des positions indiscutables dans l’espace et le
temps) et en tant qu’objets de l’anatomie et de la physiologie (car
le premier locuteur ci-dessus est distinct en son apparence même du
second et que celui-ci est dans des états privés différents lors de
ses deux émissions). Mais ces trois échantillons sont des membres du
même opérant.
Ici encore, la réponse est déterminée (précisée dans ses
propriétés et limites) par l’ensemble des relations mutuelles entre
les variables que sont la réponse émise (non l’état privé de
l’organisme qui la constitue), sa situation de production (qui ne se
réduit pas strictement à ce qui est décrit ou à un stimulus donné,
même représentatif, qui favorise la conduite) et son renforcement.
Dans l’exemple ci-dessus, celui-ci est en différé de la conséquence
qui renforce la réponse produite sous le contrôle de l’information.
Cette réponse-là peut être définie sous le mode positif ou sous le
mode négatif. C’est le premier cas avec la femme du propriétaire,
qui bénéficie du contact avec son chien chéri, et le second cas avec
le propriétaire, qui profite d’une baisse de la stimulation
aversive, et avec l’employé de la fourrière, qui se soustrait aux
conséquences de ne pas bien faire son travail et à tout ce qui les
annonce. Mais les renforcements différés, eux, sont du genre
positif, peu importe le type du renforcement de la séquence.
Il y a du sens à dire que les conséquences qui renforcent les
différentes conduites non verbales dirigées par la description « le
chien A est dans le lieu B » définissent
celle-ci : ils renforcent l’ensemble, incluant l’information. Mais
différents renforcements conditionnent des conduites qui diffèrent
et il n’y a aucun avantage à considérer qu’une parole ne soit pas la
même partout. Le renforcement de l’incontournable séquence à
laquelle appartient toute parole est en fait médiatisé.
Dans le cas d’un ordre par exemple, celui qui s’exécute le fait sous
le mode du renforcement négatif, pour éviter une punition, mais le
locuteur, lui, est renforcé sous le mode positif, par le
comportement de l’auditeur.
Deux derniers détails, théoriques, peuvent être clarifiés ici, à
profit. Il n’y a pas de problèmes de l’ordre de l’existence à dire
que les renforcements n’ont peut-être aucune propriété physique en
commun : le nom « le renforcement » se réfère à une grande classe
d’objets définie par leur caractéristique, opérante, d’être le
facteur d’augmentation de la fréquence d’émission, en de telles
circonstances, du comportement dont elles sont la condition
préalable. L’existence de cette propriété est tributaire des
histoires personnelle et évolutive des organismes qui se comportent.
Il n’y a pas non plus de problèmes de l’ordre de la définition, et
plus généralement de la logique, à dire que cette augmentation de
fréquence est, à la fois, « l’effet et la cause » du
renforcement : elle est la conséquence de la contiguïté du
comportement émis et du stimulus conséquent qui a l’effet mentionné,
vraisemblablement en transformant l’organisme qui le produit, et
elle est la condition préalable de l’existence de ce stimulus en
tant que renforcement, non celle de l’existence de ce stimulus
ou de sa présence en contigüité avec le membre dont il sélectionne
l’opérant. Nul ne conteste ainsi la science des
contingences de renforcement même, et le behaviorisme radical est de
plus en plus à considérer à titre de la position la plus cohérente
qui soit pour formuler l’interaction entre l’organisme et
l’environnement.
(3)
Le
« langage », la « signification », la « vérité », etc.
Le langage est constitué d’éléments qui ont les
caractères des objets que l’on peut acquérir, manipuler,
transmettre… Nous répondons toujours d’abord à une parole émise
comme à un stimulus. Cependant, comme on continuera à le voir par la
suite, il y a tout avantage à considérer toute parole comme elle
est, à savoir un comportement opérant[2].
Pour sa part, ce qu’on appelle communément « la
signification » d’un mot est la caractéristique non pas de
ce mot, ni d’une situation, mais de la totalité des expériences
positives qui le déterminent (contingences de renforcement). La
règle appelée « la définition d’un mot » comporte une description de
cet ensemble. Certes, on peut dire que la signification de « rouge
sang » est tout stimulus en tant que sa propriété identifiée,
mais c’est de façon « métonymique ». Sa signification est plutôt
tout comportement émis de cette classe opérante en tant que sa
propriété d’agir à la place de cette caractéristique
(le rouge sang, important dans la pratique). Elle est définie par
ses déterminants. Pour sa part, la signification du commandement
« Lever le bras! » peut-être interprétée comme étant l’action
potentielle que le locuteur suggère fortement de faire, ou
comme étant cette action réalisée (on parle plutôt, en ce
cas, de sens, terme proche de « direction vers un
effet »). Mais la caractéristique de l’ensemble des déterminants de
ce comportement est mieux décrite en disant qu’ils font que cette
conduite est contrôlée par l’identification qu’elle comporte
(« lever le bras ») et renforcée par l’auditeur dans la
réponse identifiée.
La signification d’un mot n’est donc pas, entre autres, «
l’intention » du locuteur ou « la compréhension » de l’auditeur :
cela impliquerait de la subjectivité dans la détermination de cette
caractéristique, voire de la relativité ou de l’arbitraire. Le mot «
intention » tourne l’attention vers l’avenir, mais, comme le but, l’intention
est l’affaire d’effets ultérieurs au comportement émis par le
locuteur dans le passé. Ces effets sont dans
l’environnement, non dans son cerveau ni, de surcroît, dans son
esprit ou autre monde inaccessible. Pour sa part, la
compréhension de l’auditeur est l’affaire de ses réponses
appropriées au mot émis et de sa tendance de plus en plus forte à
les produire.
Un opérant verbal n’a pas une signification différente selon les
locuteurs, ou selon les auditeurs. Il est modelé dans la culture,
par un ensemble d’expériences positives (contingences de
renforcement), « dans lesquelles » nous pouvons découvrir cette
caractéristique. Par contre, cette parole émise a parfois ce qu’on
peut appeler différents « sens », ce dernier terme étant « proche »
ici du mot « direction », vers un effet expliquant le « but » du
locuteur, comme lors du mensonge, ou vers un
renforcement dont est affaire la « valeur » qu’il a
pour l’auditeur, à cause de sa « force » ou de son type.
La notion grammaticale qu’est le synonyme peut,
elle, être avantageusement remplacée par le concept de « signe »
ayant approximativement les effets d’un autre, sur les membres d’une
même communauté. On peut parler à peu près ainsi de la notion du
résultat de la traduction d’un mot d’une certaine
langue dans une autre, en considérant ici les membres de communautés
verbales différentes. Or cela nous amène à noter que la
« signification » d’un mot n’est pas la chose éthérée, parfois
appelée « proposition », qui serait ce qu’aurait en commun ces
comportements verbaux de répertoires différents.
Dans le comportement verbal, une métaphore est
une réponse dont l’émission est rendue probable par un stimulus
similaire à celui qui est son facteur d’émission. Elle apparaît en
raison de la ressemblance des stimuli, non par transfert d’une
situation à une autre. Le processus qui est impliqué ici est appelé,
techniquement, « la généralisation ».
Pour sa part, ce qu’on appelle communément la vérité
d’une description est le caractère approprié du comportement verbal
émis pour agir à la place de ce qui est à décrire. Ce n’est donc
pas, par exemple, l’adequatio rei et intellectus, la
conformité de « l’esprit » à ses lois, l’accord spontané des
« esprits » sur ce que les faits objectifs vérifient, « l’accord
avec soi comme identification primitive à la vérité et comme source
de tout mouvement de communication sur le fond d’un jeu de langage
transcendantal », ni même l’utilité, qui ferait qu’un mensonge
pourrait être vrai. Cette vérité n’est pas non plus « celle » d’un
corpus de règles, comme la mécanique classique, qui est « vrai » au
sens de « le plus utile possible » en son domaine En passant, notons
qu’une tautologie
peut être appelée une « vérité absolue », ce
dernier terme servant à écarter la suggestion de l’existence d’une
relativité à une chose (ici la « valeur de vérité » de ses
propositions constitutives), non pas à identifier une nature (ici
celle de ces règles ou de leur corpus). On peut dire une telle chose
du mot « absolu » associé à une quelconque autre entité. Et un objet
(incluant une description émise) peut être dit « vrai » par
opposition à « fictif ».
On entend souvent dire que la vérité est relative. Elle
dépendrait du point de vue d’un sujet sur une chose. Et elle
souffrirait ainsi soit de subjectivité, soit du manque de
détermination que lui apporterait son supplément, la connaissance «
intime » de l’objet, soit de ne pas être la connaissance de « la
chose en soi manifestée par les phénomènes ».
La description « le bateau se déplace vers la gauche de la
rivière » qui est produite d’une des rives et la description « le
bateau se déplace vers la droite » qui l’est de la rive opposée sont
des réponses émises communément. Leur « vérité » tient non pas au «
point de vue » différent de l’observateur sur le même objet, mais au
fait qu’elles sont appropriées pour agir à la place d’objets
différents, à savoir ce qui arrive aux locuteurs, ou, dit autrement,
les événements différents à décrire. La « vérité » des descriptions
« l’aliment est bon au goût » et « l’aliment ne l’est pas » émises
par deux sujets tient à l’objet, dans le fait qu’il est
respectivement un renforcement positif (ici un stimulus en tant
qu’agent de renforcement sous le mode positif) et un renforcement
négatif (ici un stimulus « aversif », un stimulus en tant qu’agent
de renforcement sous le mode négatif).
On peut dire que toutes ces réponses, en tant qu’opérants, sont
relatives à (en relation mutuelle avec) leurs circonstances
d’émission et conséquences qui renforcent. Leur vérité (caractère
approprié), elle, n’est relative qu’au fait que la part de
l’environnement à décrire exerce bien le rôle de facteur d’émission
de la règle. Celle-ci est totalement déterminée, et son rôle est
conditionné par le renforcement qui la définit.
Cela étant dit, comprenons que, par exemple, la description «
l’objet est troué » produite dans une situation impliquant un
instrument de grossissement très puissant est la réponse commune
généralisée à des conditions d’émission inhabituelles.
Sa « valeur de vérité » n’est pas à opposer à celle de la réponse
« l’objet n’est pas troué » émise communément. Pour leurs parts, les
lois « la probabilité d’obtenir pile en lançant la pièce de monnaie
est un demi » produite en relation avec des jets habituels et « la
probabilité d’obtenir pile en lançant la pièce est approximativement
l’unité » produite en fonction de situations de jets finement
contrôlés sont des constructions, établies pour diriger des
réponses appropriées à des objets bien différents
(ensembles d’expériences différentes).
Au sujet du mot « fait », disons qu’il peut
sembler décrire un « référent » de ces descriptions, à savoir un
événement, alors qu’il suggère la vérité par opposition à l’erreur.
Dans un autre domaine d’idées relatives à la vérité, notons qu’un
homme qui donne une réponse descriptive directement à ce qui est à
décrire a généralement une « motivation » et une « force » plus
grandes à soutenir ce qu’il dit qu’un autre qui émet une description
de la classe à la suite d’une information reçue d’une source
susceptible d’avoir subi des influences subjectives. Les
comportements dirigés par des règles et ceux modelés directement par
l’ensemble de leurs déterminants sont aux extrêmes entre les
conduites dites « mixtes », émises à différents niveaux de «
motivation » et de « force ».
La croyance qui est opposée à la vérité par
certains penseurs l’est comme la subjectivité à l’objectivité.
La connaissance est subjective au sens trivial d’être produite par
un sujet. Mais l’environnement qui détermine cette connaissance est
extérieur à ce sujet. L’objectivité différencie le comportement
dirigé par des règles et celui modelé directement par ses
déterminants : cette connaissance-là accroît l’environnement des
sujets ainsi que bénéficie de la sélection qu’ils peuvent opérer sur
elle. Elle est accrue par les tests de validité, les preuves, les
pratiques ainsi que par la méthode scientifique, qui minimisent les
influences subjectives. Dans le milieu environnant, un membre de la
communauté verbale est souvent soumis à des ensembles de
contingences de renforcement non analysées. Or même celles qu’une
culture lui impose en lui enseignant la vérité ne produit pas des
connaissances ayant l’objectivité que l’on trouve dans le cadre
d’une analyse expérimentale, par exemple, ou celle qui résulte de la
manipulation, dans un cadre logique, de règles du premier degré par
des lois ou règles d’un degré supérieur.
Au sujet de la foi, disons d’abord qu’elle est
opposée à la loi qui dirige un comportement religieux. Ensuite,
notons qu’elle concerne la force d’une conduite résultant
d’un ensemble de contingences non analysées. Par cette
force, le mot « foi » n’a pas le caractère péjoratif qui est donné
au mot « croyance » lorsqu’il est opposé à « vérité ». Par le
caractère « intuitif » de la conduite impliquée, il est distinct de
« vérité ». (On dit souvent que des preuves d’existence des objets
de foi nuiraient à celle-ci : elles lui donneraient des raisons
incompatibles avec ce caractère « intuitif », hautement valorisé.)
La découverte des raisons de la conduite rapprocherait « foi » de
l’un de ces deux mots.
Enfin, précisons qu’un comportement mixte qui est une classe où
chacun de ses membres est, en partie, dirigé par des règles et, en
partie, modelé lors de l’exposition directe au milieu est différent
d’un comportement mixte qui est un répertoire comportant des
opérants dirigés par des règles et ceux-là modelés par les
déterminants. En exemple du comportement mixte satisfaisant à la
première description ci-dessus, ce peut être « le frère de Paul est
chauve » qui a pour facteur d’émission à la fois un homme chauve que
le locuteur connaît personnellement et l’information, en provenance
d’autrui, qu’il est le frère de Paul. Comme exemple du comportement
mixte satisfaisant à la seconde description, ce peut être un
répertoire de mots techniques qu’un homme a appris sous la direction
de règles et qui sont passés, ensuite, sous le contrôle direct de
l’environnement.
(4)
Quelques
amusants problèmes relatifs au langage[3]
Dans cette section, nous présentons quelques grands problèmes
philosophiques qui peuvent être éliminés par une analyse opérante en
rapport avec la conduite verbale.
A) Il faut exactement la même
matière et la même énergie pour écrire « TABLE » et « ELBAT ». Or le
fait que le premier a une signification et l’autre pas nous montre,
clairement, que la signification d’un mot est une entité
métaphysique.
Ce qu’on appelle communément « la
signification d’un mot » n’est effectivement pas un objet physique
(un objet matériel ou une chose comme un photon, immatériel). Mais
il n’y a pas lieu, pour autant, de suggérer qu’il soit un objet
d’une prétendue « nature » métaphysique. (De
son origine historique jusqu’à nos jours mêmes, le mot
« métaphysique » sert à écarter la suggestion de l’existence de la
« nature » physique de certaines choses, non à identifier une nature
d’un au-delà de notre monde.) En toute vraisemblance, ce qu’on
appelle communément « la signification d’un mot » est un objet
abstrait. C’est une caractéristique du monde, lequel est établi par
la réalité (l’environnement responsable de notre connaissance).
C’est une chose dont l’abstraction est un trait caractéristique du
comportement verbal. Elle est « découverte » quand un ensemble
« d’expériences positives » (contingences de renforcement) en font
le « référent » d’un « mot » (comportement verbal).
B) Des phrases comme « Christophe
Colomb vint en Amérique en 1492 » et « je fermerai la porte aussitôt
que vous en enverrez le signal » montrent qu’il existe quelque chose
comme un monde d’essences ou un espace-temps où le passé persiste et
le futur existe, déjà, sans quoi elles n’auraient aucune
signification.
La première de ces conduites verbales
appartient au premier grand groupe mentionné à la première section.
Elle est une description, ici sous le contrôle d’une information
appartenant à une chaine de communications (où les éléments sont
couramment transformés de l’un à l’autre par des synonymes, des
ajouts, des ellipses, des traductions…). Une identification de temps
et une désinence morphémique du passé y sont discriminatifs d’une
réponse sous un événement, révolu. La seconde conduite verbale
appartient au troisième grand groupe mentionné à la première
section. L’analyse qui est utile ici doit mentionner, d’une part,
que la conduite est contrôlée par les règles « je ferme la porte »
et « vous en envoyez le signal » et, d’autre part, qu’elle est
renforcée par la réaction appropriée de l’auditeur à qui il est
précisé de répondre sous la première règle, qu’elle comporte, dans
les conditions décrites par la seconde. La réponse de l’auditeur y
est favorisée par les désinences morphémiques du futur. Ces règles
sont liées par le terme de relation « aussitôt que », terme que
personne n’a produit isolément avant la codification de nos réponses
verbales.
C) Bien que Hespérus et Phosphorus
soient, tous deux, le corps céleste appelé « Vénus », l’identité «
Hespérus est Phosphorus » apporte une information manquant à « Vénus
est Vénus ». Cela montre que des noms comme « Hespérus » et «
Phosphorus » ont un référent et une signification.
Ici le référent est le même, l’astre appelé « Vénus », mais les
significations diffèrent, comme celles de « L’étoile du matin » et
de « L’étoile du soir », respectivement.
Les noms « Hespérus » et « Phosphorus »
sont des réponses verbales différentes, en raison notamment de leur
topographie et des circonstances d’émission qui les
déterminent. Mais les deux ont le même facteur d’émission, Vénus,
dans des circonstances qui diffèrent : respectivement celles du
matin (qui est le moment de la journée où son apparition peut être
espérée) et celles du soir (où elle est donnée à la vue comme un
objet phosphorescent). La première conduite verbale soumise
à notre attention est contrôlée par des noms différents dans le fait
qu’ils ont le même « référent ». La deuxième peut l’être
par des noms émis dans le fait qu’ils sont de la même classe. (Mais
une « évidence » de cette forme peut aussi être produite, pour clore
une conversation.) Pour sa part, la conduite verbale « l’étoile du
matin » est un opérant dont le membre agit en lieu et place de
l’élément dont on parle parmi ceux de la classe des étoiles du
matin. Le nom propre « L’étoile du matin » est la conduite
précédente passée sous le contrôle strict du corps qu’est Vénus. Et
il est possible de dire une chose semblable du nom propre « L’étoile
du soir ».
D) Le mot « coquerelle » suscite
du dédain dans certaines cultures et de la convoitise dans d’autres.
De là, ce mot y possède des significations différentes.
Ce qu’on appelle communément « la
signification d’un mot » caractérise l’ensemble des
« expériences positives » (contingence de renforcement) qui
déterminent le mot. On peut parler ici de « sens » pour
caractériser l’ensemble des « expériences » qui affectent tous les
membres de certaines cultures seulement, dans
leurs réponses renforcées aux échantillons de l’espèce impliquée,
et, en différé, au mot servant à l’identifier (« coquerelle »). La
« valeur » des coquerelles, et de là du mot, est l’affaire de ces
renforcements.
E) Un mensonge est une proposition
différente de la vérité ayant la même forme.
Un mensonge est la conduite verbale
commune, émise dans le « but » d’éviter une « punition » (au sens
large). Cet effet escompté n’est pas un renforcement qui définit une
parole commune : la conduite émise est éteinte par la communauté
dans sa relation aux circonstances de son émission anormale. Le
« but » est ici l’affaire d’effets accidentels qui ont affecté le
menteur (qui l’a émise, anormalement, dans le passé), non
des conséquences qui la définissent.
F) Il n’y a pas d’équivalence à
considérer entre le nom propre d’un être et un quelconque faisceau
de ses descriptions, du fait que l’ensemble de celles-ci pourraient
valoir pour un autre individu. Cela montre qu’un nom propre a pour «
référent » une chose en soi, — non un ensemble d’apparences,
changeantes.
Pour un behavioriste radical, le nom
d’un être a pour facteur d’émission cet être. Celui-ci contrôle une
description qui gouverne des comportements renforcés, verbaux ou
non, comme il les contrôle par ses propriétés qui sont les aspects
en termes desquels il est décrit. Cet être existe indépendamment de
nos réponses et constitue ces « apparences », dont l’abstraction est
un trait caractéristique du comportement verbal. Les entités
abstraites et les concepts (incluant ceux du nom propre, de la
description et de la classe des êtres) sont dans le monde. Ils sont
rarement bien reproduits dans le cadre d’un corpus d’équivalences
propositionnelles, de définitions, de principes d’existence, etc.
G) Une science du subjectif
s’impose, mais comment un sujet pourrait-il la fonder?
Les erreurs et les influences
subjectives sont l’affaire de réponses discordantes, non
d’expériences ou de mondes différents. Il est vrai que des
communautés verbales différentes engendrent des types et des niveaux
différents de conscience ou d’attention. Des réponses verbales comme
« the red blood » et « le sang rouge » sont dans
des mondes qui incitent peut-être, ainsi, à privilégier les
« essences » par rapport à l’être, qui les exerce, et vice-versa,
respectivement. Les philosophies orientales, la phénoménologie, la
psychologie expérimentale et les discours sur les affaires, par
exemple, donnent lieu à l’observation de sentiments et d’états d’âme
différents. B. F. Skinner note[4]
qu’une connaissance scientifique complètement autonome de
l’expérience subjective n’aurait pas plus de rapport avec une
science du comportement qu’une analyse expérimentale de ce que les
gens éprouvent face au feu n’en aurait avec une connaissance
scientifique de la combustion. Bref celle-là équivaudrait à une
science autonome des communautés verbales.
H) La phrase « Œdipe voulait
épouser sa mère » est problématique bien qu’elle soit juste dans sa
forme : le sujet ne savait pas que la convoitée était sa mère.
Nous répondons souvent à un membre
d’une classe en tant qu’individu. Il peut donc n’y avoir nul
problème à parler d’une mère en tant que femme convoitée.
I) Une phrase comme « l’actuel roi
de France est chauve » n’est ni vraie ni fausse. Il faut considérer
une nouvelle colonne dans
la table
des « valeurs de vérité ».
Cette phrase est un « signe »
(stimulus discriminatif verbal) manipulé hors de tout cadre : non
seulement il n’appartient à aucune véritable réponse verbale émise
actuellement, voire dans le passé, mais il ne sert pas à décrire une
fiction donnée, par exemple. Il en va ici de « l’actuel roi de
France » un peu comme du nom « le cercle-carré », à la différence
que celui-ci est un stimulus verbal construit (en termes de concepts
incompatibles) dans un cadre où, clairement, il ne doit pas être
considéré comme un signe (un stimulus discriminatif verbal).
J) Il tient au langage, et à lui
seul, qu’il n’y ait pas de bleu-rouge. Et que les cerises bien mures
soient rouges tient aussi à cette entité structurée, non aux fruits,
eux-mêmes, ou au fait que ce seraient des « représentations » qui le
seraient!
Selon toutes les apparences et la
vraisemblance, c’est un ensemble d’expériences antérieures
(contingences de renforcement) qui sont responsables d’un
comportement verbal dans sa topographie et dans le contrôle que les
stimuli exercent sur lui. La structure en question ici apparaît
avoir été produite bien ultérieurement aux conduites verbales. En
particulier, ce qu’on appelle « les lois de la grammaire » et, plus
généralement, « les lois du langage » dirigent clairement non pas le
comportement des « mots », mais celui des hommes qui s’intéressent à
eux. Concevoir que nous décrivions constamment des représentations
publiques, ou privées, d’une ou de plusieurs choses existant
indépendamment de nos réponses n’apporte rien à la compréhension, en
plus, au moins pire, de multiplier inutilement les mondes ou les
expériences. Le sujet qui décrirait ces représentations se
comporterait comme un homme, dans un au-delà ou sous d’autres
expériences. Dans celui des représentations publiques
(« phénomènes »), il transcenderait l’univers phénoménal, qui serait
de la matière dans des formes a priori. Dans celui des
représentations privées, il serait comparable à un homoncule vivant
des expériences personnelles ne pouvant engendrer quelque
connaissance objective que ce soit, concernant son hôte dans ses
milieux externe et interne. Avancer que ces constructions
n’impliquent rien de différent dans la pratique ne suggère pas même
un avantage. Au niveau théorique de leur comparaison, de leur
classement, etc., elles diffèrent en ce que la première ne peut être
prouvée et que la seconde ne passe pas l’épreuve des faits, l’une et
l’autre ne sont pas les plus simples possibles et ne permettent ni
contrôles ni prédictions. Aucune de ces constructions n’est
« vraie » au sens de « la plus utile possible ».
K) Le néant est ce qui n’existe
pas. Or ce qui n’existe pas n’existe pas! Conséquemment, le néant
n’existe pas et, de là, le mot « néant » est insensé!
La « signification » d’un mot comme
« néant » est assez bien décrite en disant qu’il est contrôlé par
d’autres mots et renforcé par la réaction d’autrui qui écarte la
suggestion d’existence opérée par ceux-ci (bien déterminés, sans
nécessairement être explicités dans toutes les circonstances de son
émission).
L) Dieu qui embrasse tout est
l’Amour. Comment embrasse-t-Il le mal et la haine?
Le nom « l’amour » ne sert pas à
identifier un concept, une « essence », ni, de surcroît, une entité
ou une totalité définie par un concept. L’homme répond verbalement
sous des événements (constitués par plus d’un individu en relation,
notamment) en des termes qu’il n’a pas eu l’occasion d’émettre
isolément avant la codification du comportement verbal, grâce à
l’alphabet. Dans une réponse verbale de la forme « A aime
B », ce terme est « aime », qui donne « naissance » à
« amoureusement », à « amoureux » … et à « amour ».
M) Comment puis-je tirer le « je
suis » du « je pense »? Autrement dit, comment ma conscience dont
l’objet est ma pensée peut-elle avoir mon être pour objet?
D’un homme qui dit « je pense » nous
disons évidemment qu’il existe. Mais nous ne faisons pas cela du
robot
cartésien d’Asimov, par exemple, qui est un être fictif. Il n’en
va pas comme dans le cadre logique d’un corpus où la règle première
« je pense » implique, par sa forme, la règle seconde « je suis »,
peu importe qu’elle favorise ou non une réponse verbale à un
locuteur qui existe, présentement (donc sans rapport en particulier
au célèbre René Descartes même, auquel on prête généralement la
naissance ou le baptême du cogito dont une traduction
est « je pense, donc je suis »). Prendre conscience de penser ne
suffit pas à un locuteur pour être conscient qu’il est. Il doit
répondre à lui-même dans le fait d’être, — non pas de penser. La
réponse verbale « je suis », ou « j’existe », est contrôlée par le
locuteur et renforcée par la réaction de l’auditeur (pouvant être le
locuteur, lui-même) à qui il est suggéré que le terme « je »
appartient à une véritable réponse verbale donnée par un sujet à
lui-même. Or le mot « fait » précédent suggère la vérité par
opposition à l’erreur de l’émission de « je pense »; il ne sert pas
à identifier un événement en cause. La réponse d’un quelconque sujet
à lui-même dans l’événement de penser, ou dans celui de croître, de
respirer, d’assimiler, bref de vivre, voire dans la sortie de lui
(comme le suggère l’étymologie du mot « exister »), n’a pas pour
« objet » ce sujet dans le fait d’être, d’exister. En passant,
réalisons l’inconsistance de la reconstruction de l’univers physique
sur la base du principe d’existence de l’objet métaphysique que
serait la substance pensante (à la place du Moteur-premier, dont le
terme peut suggérer un être physique).
N) La Perfection existe puisqu’une
entité qui n’existerait pas ne serait pas parfaite.
Le mot « parfait » sert à identifier
une « valeur », — non une « nature », sans laquelle une chose ne
serait pas parfaite. La perfection est l’affaire des plus grands
renforcements escomptés et ceux-ci sont des conditions
postérieures aux réponses à la chose jugée « parfaite », non
une condition préalable à elles.
O) L’affirmation « je mens » n’est
ni vraie ni fausse, comme les affirmations qui suivent : « la phrase
suivante est vraie » et « la phrase précédente est fausse ».
La conduite verbale « je mens » est
contrôlée par une autre conduite verbale et renforcée par la
réaction d’autrui. C’est un membre de cette classe qui est vrai, ou
faux, selon que la conduite verbale émise (celle qui est son
contrôle, son facteur d’émission) est bien un mensonge, ou une
vérité, respectivement. Or on peut dire cela dans le cas même où la
conduite analysée est sous le contrôle exercé par un « je mens »
émis, comme lorsque le locuteur peut paraphraser ses paroles en
disant « je mens en disant que je mens lors de cette mention de mon
âge », par exemple. Les affirmations examinées ici sont des
« signes » (stimuli discriminatifs verbaux) manipulés dans des
cadres où ils ne peuvent être considérés appartenir à de véritables
conduites verbales émises.
P) Le « Bois-moi! » inscrit sur
une bouteille pleine de liquide est problématique, bien qu’il
n’enfreigne aucune règle de syntaxe, de grammaire, de vocabulaire.
La réponse verbale « moi » a pour
facteur d’émission tout locuteur qui l’émet. Une bouteille pleine de
liquide, ou celui-ci, n’est pas un locuteur. Le « Bois-moi! » qui
est dans le cadre d’une prosopopée ne cause pas de malaise, de ce
qu’il y est admis qu’une telle chose puisse parler. Ce « Bois-moi! »
est un stimulus discriminatif d’un ordre qui a cette forme, celui
que peut émettre un locuteur de façon « métaphorique », sous son
« flot » de paroles, par exemple.
Q) La phrase « je suis allé au
parc hier, mais je n’y crois pas » est problématique.
Une réponse verbale
descriptive comme « je suis allé au parc hier » a pour contrôle un
événement que le locuteur, lui-même, a constitué, en relation avec
d’autres objets. La connaissance de cette topographie est subjective
au sens trivial qu’elle est émise par le locuteur. Mais
l’environnement qui établit l’ensemble des déterminants de cette
conduite commune est extérieur à l’individu. Cet ensemble est
responsable de la « motivation » qui accompagne son émission et de
la « force » que le sujet peut employer pour la défendre. Un
comportement verbal comme « je n’y crois pas », lui, est contrôlé
par une règle et est renforcé par une réaction de l’auditeur. Dans
le cas considéré ici, celle-ci est à l’opposé de celle escomptée par
un sujet « motivé » à défendre le caractère approprié de son
affirmation, le concernant. Un homme à personnalités multiples
pourrait produire ces deux comportements. Aussi, la première
conduite est à distinguer d’une réponse de même topographie produite
« en écho » d’une autre. Un sujet peut donc émettre le comportement
« échoïque », puis dire, de façon « métonymique », qu’il n’y croit
pas, ne croit pas en la vérité opposée à l’erreur de la description
émise qu’il aurait donnée, à lui-même et au lieu mentionné, mais
sans s’en souvenir.
R) Personne ne sait ce qui
distingue le triangle équiangle du triangle équilatéral.
Les noms « le triangle équiangle » et
« le triangle équilatéral » servent à identifier des classes
définies par des propriétés différentes de leurs mêmes éléments.
L’ignorance mentionnée tient à une absence de conscience réfléchie
de ces noms, nullement à une inaccessibilité des objets (abstraits)
impliqués.
S) Comment peut-on prétendre que
Pluton n’a plus la nature qu’elle avait avant?
Un concept est un ensemble de
propriétés définissant une classe. Il est découvert « dans
l’environnement », quand un ensemble d’expériences positives
(contingences de renforcement) en font le « référent » d’un mot.
Mais des faits nouveaux, liés à des pratiques renforcées, peuvent
faire en sorte qu’on éteigne une classe déterminée pour une
nouvelle, davantage utile, définie par un ensemble plus grand de
propriétés par exemple. Ce fut le cas à la suite de la découverte
d’un très grand nombre d’objets exerçant le concept antérieur de
la planète. Aussi, des êtres peuvent se révéler ne pas
appartenir à une classe définie (comme les baleines, qui s’avèrent
être des mammifères, non des poissons). Les araignées sont exclues
de la classe des insectes définie par les entomologistes. La
construction d’un concept peut même être (incluant d’une façon bien
réfléchie) en des termes vagues, en attente d’un nouveau cadre
d’études, comme c’est le cas avec la famille des êtres vivants. Les
classes définies par un concept sont en évolution un peu comme les
espèces animales.
T) De ce que la sphère est le
solide limité par une surface courbe dont tous les points sont à
égale distance d’un objet intérieur appelé « centre », on peut dire
qu’il n’existe aucune sphère réelle, de ce fait qu’aucun solide n’a
ces propriétés. Dans le monde sensible, la sphère est « dégradée »
par de nombreux accidents.
Sous des propriétés visuelles et
tactiles, les hommes ont identifié la sphère bien avant d’avoir la
conscience réfléchie du mot impliqué. Ce mot est évidemment défini
par des renforcements, en relation avec des circonstances courantes
de l’émission du comportement. Un concept, celui de la sphère en
l’occurrence, est un ensemble de propriétés définissant une classe.
C’est une caractéristique importante parmi les propriétés sous
lesquelles des réponses non verbales sont produites. En tant
qu’objet abstrait, un concept existe dans le monde à partir du
moment où il est le « référent » d’un mot. Avant, il existait en
tant que les stimuli comme ceux qui l’exercent actuellement. Dans le
cas à notre attention, le nom commun « sphère » a été reconstruit
dans le cadre rigoureux de la géométrie. Le nom émis du concept de
la sphère peut bien être « une idée » (au sens de « un mot produit
en privé »), mais ce concept est constitué dans l’environnement et
n’existe pas quand aucun objet ne l’exerce.
U) La proposition « la Terre est
plate » était rationnellement acceptable il y a trois mille ans,
mais elle n’était pas vraie à cette époque même. La vérité n’est
sans lien à la justification; c’est, plutôt, une propriété,
inaliénable, des propositions.
La réponse « la Terre est plate »
agirait bien à la place de la Terre si elle avait la propriété
mentionnée. De nos jours mêmes, des membres de cette classe opérante
peuvent sembler être vrais, parfois. Cependant, leur opérant, lui,
est sélectionné par l’environnement, dans l’histoire de la culture,
et il ne survit pas. Pour sa part, une hypothèse d’un corpus de
règles est confirmée par la mise à l’épreuve factuelle de déductions
faites dans son cadre logique. Un tel corpus est dit « vrai » au
sens de « le plus utile possible ». Une hypothèse est donc à
distinguer de la description qui lui correspond. De son côté, cette
conduite, descriptive, est souvent émise sans grande conscience.
Elle peut être produite de façon consciente. C’est le cas lorsqu’on
lui répond. Mais elle devient rationnelle quand on décrit l’ensemble
des déterminants de la classe. Nous pouvons dire cela de la réponse
verbale descriptive « c’est une vérité ». Ajoutons que « la Terre
est plate » n’est pas une
forme
propositionnelle qui serait une proposition ayant une propriété
inaliénable (la vérité ou la fausseté) lorsque remplie, dans sa
variable principale, par notre planète, à un moment donné. C’est une
classe qui est éteinte : ses membres (les « échantillons » de cet
opérant) ne sont jamais appropriés pour agir à la place de la Terre
actuelle.
V) Comment parler de l’existence
même de la conscience si elle n’est pas définie?
Par exemple, la large classe des
oiseaux et des poissons n’est pas définie car ses membres n’ont
apparemment rien en commun à l’exception d’être des organismes. Mais
on peut dire que la classe construite ici existe bien. Le nom « la
conscience » se réfère à une semblable classe. Ses objets sont tous
bien définis, par un ensemble de propriétés. Chacun l’est avant que
nous en ayons une conscience « réfléchie » de la forme d’une règle
appelée « sa définition ».
W) L’ensemble de tous les
ensembles n’est pas un ensemble, de ce que, devant se contenir, il
serait ainsi un ensemble différent, à se contenir, etc.,
indéfiniment!
Une réponse verbale comme « tous les
ensembles sont dans l’ensemble » est contrôlée par la règle « les
ensembles sont dans l’ensemble » et est renforcée par la réponse de
l’auditeur à qui il est précisé qu’aucun des ensembles en cause
n’est exceptionnel. Tous ces ensembles n’en forment un que
lorsqu’ils exercent un contrôle sur une réponse. Ils sont antérieurs
à eux-mêmes en tant qu’ensemble. Les trois derniers termes du nom
« l’ensemble de tous les ensembles » ne désignent pas un ensemble ni
donc ne représentent un ensemble représenté en lui-même. En somme,
cela explique que nul ensemble ne se contient. Par ailleurs, même un
ensemble défini par des propriétés, comme une espèce animale,
n’existe pas quand aucun de ses membres n’existe. Mais si certains
ont existé, on peut en parler sous d’autres conditions.
X) L’observation de très nombreux
corbeaux, tous noirs, nous incite à induire la règle « tous les
corbeaux sont noirs ». Mais celle-ci pourrait être fausse. Cela
devrait suffire pour comprendre que l’induction ne peut pas être
fondée rationnellement et, aussi, que les connaissances
scientifiques, qui sont toutes à prétention universelle, sont non
pas des « vérités », mais des « croyances »!
L’objectivité et la
subjectivité sont des caractéristiques, en l’occurrence, des vérités
et des croyances scientifiques, respectivement. Cela étant dit,
notons qu’une induction est une règle construite, au terme d’un
processus du même nom, pour diriger des comportements appropriés à
un ensemble de contingences. Que les contre-exemples n’en soient que
des exceptions confirme son utilité générale. Elle est à distinguer,
à la fois, de la réponse descriptive dont cette construction
« favorise » l’émission et de l’énoncé de la même forme reconstruit,
au terme d’une démonstration tautologique ou à titre de règle
première, dans le cadre logique d’un corpus de règles. Il en est
ainsi même quand celui-ci est vrai (le plus utile possible), en
toute apparence et vraisemblance. Un tel énoncé ne peut, lui, n’y
souffrir d’une quelconque exception. Nous pouvons faire un semblable
commentaire au sujet de la déduction (le processus comportemental).
Bref, une reconstruction dans un cadre logique ne reproduit que
rarement la conduite du scientifique au travail.
Y) Possiblement tous les corbeaux
sont noirs, mais nécessairement tous sont étendus. Ces deux
connaissances sont bien universelles. Mais celle-ci a une nature
différente de celle-là : elle est nécessaire. L’expérience la
suppose, en plus de ne pouvoir l’expliquer. Nous avons la
connaissance réfléchie d’une telle connaissance d’une façon
analytique. Nous découvrons l’étendue, corporelle, des corbeaux en
décomposant le concept du corbeau. Sa couleur n’y est point.
Les réponses verbales « possiblement
tous les corbeaux sont noirs » et « nécessairement tous les corbeaux
sont étendus » sont assez bien décrites en termes de la réponse
émise (qui a une topographie caractéristique), du contrôle
qu’exercent, sur le comportement du locuteur, les règles « tous les
corbeaux sont noirs » et « tous les corbeaux sont étendus »
respectivement, et du renforcement exercé par la réaction
escomptée de l’auditeur. Elles ne sont pas fonction d’une
nature de ces règles. Les noms « la possibilité » et « la
nécessité » ne servent pas à identifier une nature. Nous pouvons
dire une chose semblable des règles comme « naturellement tous les
corbeaux sont pesants », « normalement 2 + 2 = 4 » (ce qui est le
cas lorsqu’on compte des choses comme des corbeaux, non comme
certains liquides dans leur volume[5]),
et « théoriquement 2 + 2 = 4 » (comme avec la réponse numérique
commune reconstruite dans le cadre logique de l’algèbre classique).
Ajoutons que la connaissance « tous les corbeaux sont étendus » est
une réponse verbale descriptive, partielle, de l’ensemble des
propriétés (le concept) qui définit l’espèce (la classe des
corbeaux). Cette connaissance émise est « en nous », strictement,
quand elle n’est produite qu’implicitement. Le concept, lui,
constitué par tout corps, est découvert « dans l’environnement ».
Pour sa part, la connaissance « tous les corbeaux sont noirs » est
une construction qui « favorise » l’émission, entre autres, de la
réponse verbale descriptive de la même topographie, pour parler des
corbeaux d’un ensemble qui est véritable.
Z) Peut-être suis-je seul à
exister et que, tout compte fait, je rêve depuis toujours!
On a dit que le solipsisme est la
doctrine la plus ridicule de tous et, en même temps, la plus
difficile à écarter. Des propos semblables ont été faits en termes
d’un cerveau dans une cuve et, de façon plus moderne, en ceux d’une
simulation d’un super ordinateur ou d’un hologramme dans un
Univers holographique, par exemple. La proposition à notre
examen serait contrôlée, elle, par la règle : je suis seul
à exister et, tout compte fait, je rêve depuis toujours. Elle ne le
serait pas par le locuteur, dans un événement bien défini
qui en serait le facteur d’émission. Une telle règle serait
renforcée par une réaction de prise en considération de celle-ci à
titre de vérité, par un auditeur. Mais ce sujet même, en tant
qu’auditeur, ne considère pas la vérité de sa règle! On peut dire
que celui-ci n’est pas illogique en remettant tout en doute à
l’exception de sa propre existence, mais que, ce faisant, il est à
tout le moins à l’extrême opposé de la rigueur, en n’incitant pas à
écarter la règle qui dirige son propos. Personnellement, je lis
cette proposition; je n’émets pas le dire (la conduite verbale) dont
l’écrit est le « signe », car je dirais plutôt :
assurément que je ne suis
pas seul à exister et que, tout compte fait, je ne
rêve pas depuis toujours. En passant : comment un
sujet connaîtrait-il ce que signifie « je rêve » et pourrait-il
rêver si tout en était ainsi depuis toujours. On répliquera que la
proposition émise est une « métaphore ». Et elle l’est, de ce
qu’elle est « généralisée » en raison des ressemblances qu’il y a
entre le comportement émis quand on rêve et celui produit lorsqu’on
est éveillé. Or ce comportement-ci est au niveau supérieur de
conscience qui permet d’écarter la vraisemblance de ce rêve. Et elle
n’est pas généralisée à une situation inexistante ou
inconnue de tous! Enfin on dira ceci : la réalité, qui est
responsable de notre connaissance, nous fera peut-être accéder un
jour à un niveau supérieur, où nous connaîtrons la nature des choses
véritables comme les idées, le bleu, le bon, le bien-être, etc. Mais
on peut dire que le behaviorisme radical apparaît d’ores et déjà
être cette position supérieure, celle de la conscience réfléchie la
plus cohérente qui soit. Or on n’y fait pas appel à l’existence d’un
métaphysique monde des « essences » ou à celui d’un aussi
métaphysique esprit qui expliquerait que les hommes parleraient de
ces choses, en raison de réminiscences d’une vie
antérieure, d’une révélation divine, d’une Raison, etc.
Conclusion
Les plus anciens objets célestes observés par les astronomes
apparaissent primitifs par rapport à ceux actuels. Les objets de la
physique subatomique sont élémentaires relativement aux corps
complexes, qu’ils constituent. De plus, ils sont probablement comme
les flocons de neige en ce que ceux-ci, finement observés, sont
différents, les uns des autres, et qu’ils satisfont à des lois
simples, dans l’existence de leur propriété commune d’avoir six
branches, et résultent largement du hasard (la rencontre de chaines
indépendantes d’événements), dans l’ensemble du processus. Tous sont
difficilement accessibles, en raison de leur éloignement dans
l’espace et le temps ou de leur petitesse.
Le comportement verbal est, lui aussi, un objet d’étude
difficile. Mais il l’est en raison de sa complexité, non de son
inaccessibilité. Les phénomènes comportementaux sont parmi les
derniers à avoir été produits dans l’Univers, et c’est encore plus
le cas du comportement verbal. La science du comportement aussi est
récente, moins de cent ans.
À la dernière section de ce texte, nous avons examiné des propos
philosophiques pouvant être écartés par une analyse opérante
relative au comportement verbal. Nous en présentons un dernier :
comment notre survie peut-elle avoir une valeur si les êtres ne sont
pas l’affaire de phénomènes ayant un « sens » conforme au caractère
d’une parole, d’un ordre, d’une loi dirigeant la chose
immatérielle qu’est la vie afin qu’elle sorte du monde des idées,
appelées aussi « essences », et complexifie la création jusqu’à
former l’homme, dans la matière fondamentalement informe? Ici
encore, de nombreuses choses pourraient être dites, mais les
suivantes suffiront. La valeur de la survie de l’homme est l’affaire
de renforcements qu’une culture doit établir et maintenir, sinon
tant pis pour lui. Cette considération cruciale ne doit pas être
occultée par une interprétation de la vie qui serait fausse ou qui
manquerait de productivité. La vie n’est pas une chose comme une
idée, une essence, une forme, au-delà du monde. C’est le concept qui
définit la classe des êtres vivants, dans notre monde. Ce concept
est l’ensemble des propriétés communes aux organismes d’émettre
certains répondants, dans l’environnement. Or ce sont des opérants
dont on peut dire qu’ils ont une signification, un sens, etc.
Ajoutons que la parole qu’est l’ordre, ou encore la loi, est définie
par la réaction d’un auditeur, non d’une entité abstraite, et que
l’emploi de « sens », pour « direction », sert, subrepticement, le
propos.
Le « but » de l’auteur du présent texte (ardu en raison de la
complexité de son sujet d’abord et avant tout) a été d’offrir des
clés pour accéder au point de vue le plus cohérent qui soit, afin de
décrire le comportement d’une façon permettant le contrôle et la
prédiction et, en passant, d’écarter la métaphysique et les diverses
fictions explicatives.
NOTES
[1] Pour une comparaison, voir
L’analyse du comportement
et ses applications, un texte d’Olivier Bourgueil.
[2] Pour un examen des notions que sont l’objet et la
conscience, voir le texte suivant
L’objet et la conscience
[3] De nombreux autres sont examinés dans l’ouvrage principal
mentionné dans la liste en fin de cet article.
[4] B. F. Skinner, pour une science du comportement : le
behaviorisme, traduit de l’anglais par F. Parot, Delachaux &
Niestlé,, Neuchatel, Paris, conseillers scientifiques P. Mounoud et
J.-P. Bronckart, 1974, p. 224.
[5] On peut penser aussi au mélange de choses comme de l’eau et
du sable, du sable à gros grains et du sable à petits grains, au
coût global d’objets, moins grand quand achetés en masse plutôt
qu’en petites quantités.
Téléchargement

Cliquez ici pour télécharger cet article en format PDF
© 2019
Jean-Pierre Bacon
Du même auteur

Tous les grands problèmes philosophiques
sous l'éclairage de la
science des contingences de renforcement,
Le behaviorisme radical et
les grands problèmes philosophiques,
Essai, Jean-Pierre Bacon,
Fondation littéraire Fleur de Lys
Exemplaire numérique gratuit (PDF) - Lien de téléchargement

7 417 KB

6 921 kb

Une philosophie scientifique et globale pour
aujourd'hui et pour l'avenir,
essai, Jean-Pierre Bacon, Fondation littéraire Fleur
de Lys
Exemplaire numérique gratuit (PDF) - Lien de téléchargement

13 867 KB

12 735 kb

Jean-Pierre Bacon
Qu’est-ce que la philosophie?
LE DOSSIER COMPLET
La philosophie classique
Qu’est-ce que la philosophie?
Quelles sont les grandes questions philosophiques?
Qui sont les plus célèbres philosophes dans l’Histoire?
Un classement critique des doctrines et des systèmes philosophiques.
Quel est l’avenir de la philosophie?
Le behaviorisme radical
La philosophie de l’analyse expérimentale du comportement
La philosophie de l’histoire
Complétée par trois annexes
Qu’est-ce que le temps?
Le naturel et l’artificiel
Concept et fonction
Essai, Fondation
littéraire Fleur de Lys,
Lévis, Québec, 2022,
92 pages.
Format Lettre (8,5 X 11
pouces)
ISBN
978-2-89612-621-7
Exemplaire papier : non disponible : non disponible : non disponible : 24.95$
Exemplaire numérique
gratuit (PDF)

Jean-Pierre Bacon
Qu’est-ce que la philosophie?
LE DOSSIER COMPLET
La philosophie classique
Qu’est-ce que la philosophie?
Quelles sont les grandes questions philosophiques?
Qui sont les plus célèbres philosophes dans l’Histoire?
Un classement critique des doctrines et des systèmes philosophiques.
Quel est l’avenir de la philosophie?
Le behaviorisme radical
La philosophie de l’analyse expérimentale du comportement
La philosophie de l’histoire
Complétée par trois annexes
Qu’est-ce que le temps?
Le naturel et l’artificiel
Concept et fonction
Essai, Fondation
littéraire Fleur de Lys,
Lévis, Québec, 2022,
92 pages.
Format Lettre (8,5 X 11
pouces)
ISBN
978-2-89612-621-7
Exemplaire papier : non disponible : non disponible : non disponible : 24.95$
Exemplaire numérique
gratuit (PDF)
Tous les articles
de cet auteur
Qu'est-ce qu'un concept - Qu'est qu'une fonction ?
par Jean-Pierre Bacon
Qu'est-ce que le temps ? par Jean-Pierre Bacon
Qu'est-ce que l'histoire ? par Jean-Pierre Bacon
La dépression par Jean-Pierre Bacon
L'objet et la conscience par Jean-Pierre Bacon
La liberté par Jean-Pierre Bacon
L'univers par Jean-Pierre Bacon
Le comportement verbal par Jean-Pierre Bacon
Le behaviorisme radical par Jean-Pierre Bacon
Le naturel et l’artificiel par Jean-Pierre Bacon
Fondation
littéraire Fleur de Lys,
31, rue St-Joseph, Lévis, Québec, Canada. G6V 1A8
Téléphone : 581-988-7146
Courriel :
contact@manuscritdepot.com
Le présent site
est géré par la Fondation littéraire Fleur de Lys inc.
La Fondation
littéraire Fleur de Lys décline toute responsabilité quant au contenu
des autres sites auxquels elle pourrait se référer.
MENU DE CE SITE WEB
ACCUEIL
NOUS
MAISON D'ÉDITION
avec impression à la demande
LIVRES NUMÉRIQUES GRATUITS
Centre
d'information sur les droits d'auteur
Centre
d'information sur l'édition
et le nouveau
monde du livre
RECHERCHE SUR CE SITE
NOUS
CONTACT
PUBLIER VOTRE LIVRE AVEC NOUS
|