PRÉSENTATION
Tout d’abord, nous sommes une famille de neuf enfants : sept
garçons et deux filles, issus d’un couple, Uldège Brassard et Mariette
Bouchard, que je vous présenterai tout au long de ce récit.
Papa est un homme grand, et aussi un grand homme, qui paraît bien et qui a
beaucoup de jugement. Il est un homme respecté. C'est un homme très méfiant,
ce qui lui permet d'être très prudent.
En plus de posséder une ferme laitière, il fut contremaître dans les
chantiers, maire de la paroisse de Saint-Honoré, en plus de marguillier à
l’église. Il fut engagé pendant plusieurs années en tant qu’évaluateur des
propriétés de la municipalité avec son grand ami, M. Dionne. En plus d'être
un sage, il réfléchissait toujours avant de prendre une décision ou de
donner son opinion.
Tout le monde, en parlant de papa, le nomme M. Uldège. Moi, j’ai toujours
pris ça comme un certain respect.
Quant à Mariette, elle aussi est une personne sage. Elle ne s’emballe jamais
pour rien, prenant le temps de réfléchir. En l’absence de papa, c’est elle
qui s’occupe de l’étable et de la maison. Un travail énorme, connaissant
tout ce qu’elle avait à faire avec ses enfants pas très dociles. Cependant,
maman est courageuse.
Nos parents se sont toujours connus. Ils ont été élevés dans un rang de
campagne et ils étaient voisins. Tout le monde fut étonné de l’annonce de
leur mariage, même si quelques-uns s’étaient aperçus qu’ils se
fréquentaient. Cette union a fait beaucoup jaser dans ce temps-là.
Notre maison
Notre maison était située entre deux collines. L’une d’elles était plus
grosse que l’autre, au 680 du 8e rang. Comme ce rang menait à
Saint-Ambroise, il y avait beaucoup de circulation, ce qui produisait
beaucoup de bruits lors du passage d’autobus et de camions, comme ceux qui
cueillaient les bidons de lait ou les camions qui nous approvisionnaient
pour la nourriture de nos animaux. Aussi, quand les automobilistes passaient
à une bonne vitesse, ça donnait des haut-le-cœur aux occupants de la
voiture. En plus, la route était en gravier : imaginez donc le bruit
infernal que ça faisait ! C’était une vieille maison, trop près de la route,
avec des chambres en haut et pas très isolées. Le haut de la maison était
l’endroit où nous aimions bien jouer. La galerie avant était abîmée, et
tellement en mauvais état qu'il a fallu la détruire. Papa n’a jamais eu la
permission d’en construire une autre. Aussi, il reçut l’expropriation de la
maison pour élargir la route. Ainsi, elle fut détruite en septembre 1980.
Mon grand-père maternel
Mon grand-père maternel, notre voisin, un homme grand et fort comme un ours,
faisait la pluie et le beau temps lorsqu’il se rendait en ville avec son
attelage de chevaux, qu’il faisait reposer et nourrir à Sainte-Anne. C’est
aussi là que se retrouvait l’écurie auparavant. En été, c’était différent,
son attelage était sur roues. On se plaisait à l’appeler la « wagin ».
D’ailleurs, mon grand-père maternel aimait se battre, ce qui lui a valu le
nom de Bouchard le coq. Il dansait tel un coq lors d’une bagarre qu’il
aimait provoquer et commencer. Cet homme était tout un colosse qui ne
parlait pas beaucoup et qui ne se laissait jamais intimider.
Quand il provoquait un affrontement, il y avait tout un rassemblement pour
voir cette bagarre et savoir qui remporterait la victoire. Il y avait aussi
des enchères qui se faisaient.
Quand les gens voyaient arriver ce gaillard, tous chucho¬taient entre eux.
Est-ce que Bouchard le coq va encore l’emporter ?
Moi, ici, je raconte ce que j’ai entendu dire. N’étant pas encore né pour
voir ces exhibitions. Ce sont surtout des oncles qui m’en ont parlé.
Dans le temps, nous, les petits, n’allions pas souvent en ville. La ville se
trouvait à environ une quinzaine de kilomètres.