Dédicace
À Aingell, mon âme sœur spirituelle.
Sans toi, je n’aurais peut-être jamais
commencé cette aventure…
Remerciements
Je tiens à remercier spécialement Rémi, Patrice, Marc, Jean-Charles
et Martin pour m’avoir donné l’occasion de créer, de développer et
d’incarner le personnage d’Aingell. Nos nombreuses années de jeux
m’ont inspiré beaucoup pour ce roman. Merci aussi à mes parents et
amis, mes premiers lecteurs, pour m’avoir encouragé à terminer cette
œuvre. Finalement, je tiens à remercier ma bien-aimée, mon
illustratrice préférée, pour ses merveilleux dessins conformes à mes
descriptions.
Prologue
C’était le début d’un jour de printemps et la jeune fille gambadait
tranquillement sur les collines fleuries entourant sa vallée. Tout
en bas, les gens de la cité royale vaquaient joyeusement à leurs
activités, dans l’ambiance de paix et de bonheur qui régnait sur
l’ensemble du royaume d’Archandia.
Ce royaume, formé seulement de cette grande cité, était le berceau
de la magie. Le premier homme à avoir maîtrisé les forces naturelles
pour en user selon son bon vouloir, un dénommé Nimbus, était issu de
la lignée royale d’Archandia. Ce Nimbus était un homme de bien et
nulle intention mauvaise ne planait au-dessus de lui lorsqu’il usait
de son nouveau talent. La magie qu’il avait découverte était
difficile à manipuler et demandait beaucoup de pratique afin de
l’utiliser de la bonne manière. Ses nouveaux pouvoirs servaient à
améliorer le sort de sa race et les possibilités de bienfait étaient
pratiquement illimitées.
Lorsque Nimbus mania parfaitement son art, il choisit parmi la
population archandienne quelques disciples prédisposés à apprendre
la magie, dans le but de répandre aux royaumes voisins les bienfaits
que cet art apportait. Après de nombreuses années d’apprentissage,
ces nouveaux mages partirent dans des directions différentes afin
d’apporter la connaissance de la magie à tous les royaumes qui en
seraient dignes. La reconnaissance de ces royaumes fut grande et le
royaume d’Archandia connut son âge d’or. Les habitants prospéraient
heureux, sans guerre ni conflit. La famine et la maladie étaient
contrées par l’art de Nimbus. Le commerce était si florissant que la
pauvreté n’existait pas au sein de la cité. C’était l’équivalant
d’un paradis terrestre.
Après le départ de ses premiers disciples, le mage Nimbus entreprit
un plus grand projet : enseigner cet art nouveau à tous les enfants
du royaume. Cette pratique permettrait à l’ensemble de la population
archandienne de connaître et d’user de la magie. Bien sûr, seules
quelques rares exceptions réussirent à atteindre un niveau de
puissance majeur. La plupart des citoyens d’Archandia maîtrisèrent
cet art de manière ridicule, sachant à peine faire tomber de la
pluie sur leurs champs ou bien parler aux animaux. Les grands
sortilèges n’étaient réalisés que par des mages professionnels,
issus d’un ordre créé dix années suivant l’inauguration de
l’apprentissage de la magie chez les jeunes.
La cité et royaume d’Archandia était donc un endroit de magie où les
enfants, dans la rue, pouvaient s’amuser à faire des tours aux
dépends de leurs parents ou, bien plus souvent, à celui des
voyageurs et des marchands étrangers. Cet âge d’or dura un bon cent
ans.
Mais revenons maintenant à cette belle journée de printemps. La
jeune fille, qui s’était levée de très bonne heure, était le seul
être humain à être hors de la vallée. Cela excluait les sept
guetteurs, des gardes chargés de surveiller les alentours de la
vallée. Ces guetteurs étaient positionnés au sommet de l’une des
sept tours de pierre qui trônaient sur la butte des collines
avoisinantes. Depuis très longtemps, le rôle de guetteur était
inutile puisqu’aucun problème extérieur n’avait eu lieu. La plupart
des hommes qui détenaient ce poste étaient des paresseux ou des
rêveurs, passant leurs journées à ne rien faire aux frais du roi.
La jeune fille, marchant à côté de la tour nord-est, vit le guetteur
couché sur les créneaux de sa tour. Cela ne la surprit pas du tout.
Prenant la lyre qu’elle portait en bandoulière, elle s’assit,
adossée à la paroi de la tour, et se mit à jouer une musique
entraînante, dans le but de réveiller ce paresseux. Elle était très
douée en musique pour une fillette de neuf ans.
Après quelques minutes d’essai, elle porta son regard vers le haut
pour voir le résultat de sa tentative. À ce moment, une grosse
goutte de liquide l’atteignit en plein milieu de son joli front. Du
revers de la main, elle s’essuya. À sa grande surprise, ce qu’elle
avait pris pour de l’eau laissait une traînée rouge sur sa main.
Elle se leva, recula de plusieurs mètres, et vit que le guetteur
était couché sur une pierre noyée de ce liquide rouge. Et elle
comprit ce qui arrivait!
S’élançant à perdre le souffle vers le fond de la vallée, elle
entendit au loin, dans les alentours de la tour sud, porte
principale de la vallée, des paroles emplies de magie. De si loin,
elle ne pouvait pas distinguer la forme qui criait un sortilège,
mais elle pouvait ressentir en son cœur la puissance de
l’incantation prononcée. Le niveau de magie utilisé dans ces paroles
devait rivaliser avec le pouvoir du meilleur mage d’Archandia. Ne
sachant pas quoi faire avec tous ces événements particuliers, fait
rare dans ce royaume paisible, la jeune fille resta pétrifiée sur
place.
La terre se mit alors à trembler, doucement au début, mais
progressant rapidement vers une grande onde sismique. Le ciel,
pourtant ensoleillé et sans nuage, s’assombrit d’un seul coup. Les
profondeurs de la vallée se couvrirent de brume, disparaissant
lentement dans un mélange d’ombre et de brouillard.
Mue par une inspiration soudaine, provenant probablement du pouvoir
de son père, le frère du roi, la jeune fille reprit sa lyre et se
mit à jouer un air étrange. Par la magie qu’elle connaissait le
plus, celle de la musique, elle tenta de contrer le sort que l’être
mystérieux posait sur son monde. Par la puissance de leur lien de
sang, son père, prisonnier du sortilège, lui transmettait une partie
de sa connaissance en magie pour rendre sa jeune fille plus apte à
lutter contre la puissance du maléfice. La jeune fille, les yeux en
larmes, mettait tout son cœur et toute son âme innocente dans la
musique qui coulait de ses doigts. Son chant, pur et clair, faisait
résonner l’air ambiant par l’accumulation magique qui entourait la
fillette. De longues minutes s’écoulèrent. Elle, d’un côté de la
vallée, jouait pour la sauvegarde de sa patrie. L’agresseur, à
l’autre bout du paysage, projetant les paroles maléfiques
Subitement, la terre cessa de trembler et le ciel redevint clair
comme il devait l’être. Et sous les yeux apeurés de la jeune fille,
la vallée disparut complètement. Elle se tenait désormais sur les
bords d’un plateau, vide et plat, comme si la vallée avait été
remplie instantanément de terre. Le sol était couvert d’une fine
couche d’herbe, nu de tout arbre ou arbuste. Les sept tours se
tenaient toujours sur le rebord de ce plateau, n’ayant par contre
plus rien à surveiller.
À l’autre bout de l’ancienne vallée d’Archandia, là où se trouvait
précédemment le magicien qui avait prononcé le sortilège maléfique,
aucun bruit ne s’échappait. La jeune fille scruta ce point, à
travers ses larmes, se demandant si elle allait voir l’homme maudit
sortir de la tour pour contempler son œuvre. Mais nul être vivant
n’apparut. La voix de son père, qu’elle entendait dans sa tête
pendant qu’elle jouait le contre sort, s’était tue, elle aussi. Les
dernières paroles qu’elle avait entendues étaient : “Je t’aime ma
fille. Vis pour qu’un jour, nous soyons délivrés. L’espoir n’est pas
vain…”
La tête emplie de confusion, le cœur lourd et les joues noyées de
larmes, la jeune fille tourna le dos à sa famille, à sa maison, à sa
patrie…à sa vie. Elle se mit à marcher en direction du village le
plus proche, sans savoir ce qu’il adviendrait d’elle. Elle ne
pensait qu’à une chose : survivre pour libérer son père et le
royaume d’Archandia en entier.
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